
Pas besoin d’être un fin analyste politique pour cerner la figure politique qu’incarne Eric Ciotti. Plus droitiste que droitiste, il force parfois lui-même le trait jusqu’au cliché. Toute cette démonstration de force ne cacherait-elle pas une faiblesse politique inavouable ?
La première impression que l’on a en découvrant le physique d’Eric Ciotti, n’est pas tellement une impression de force et de charisme. Petit, le sourire gentillet, la voix légèrement nasillarde, Eric Ciotti inspire plutôt la condescendance agacée.
Pourtant, dans ses discours, l’idéologie politique d’Eric Ciotti est sans équivoque. Il suffit d’écouter parler cinq minutes le « monsieur sécurité » de l’UMP pour comprendre que le directeur de campagne de François Fillon martèle encore et toujours les mêmes messages : respect, autorité, sécurité, répression, fermeté, dissuasion doivent prévaloir sur l’impunité et la suppression des peines de prison, pour recadrer les délinquants de la France.
Sans doute parce qu’il craint que l’on puisse déceler une ombre de laxisme chez lui, Eric Ciotti n’hésite pas à en remettre une couche dès qu’il en a l’occasion. Il y a deux semaines, en déplacement à Nîmes, il déclarait a propos de la candidature de François Fillon, dont il dirige la campagne : “Avec lui, les notions d’autorité et de respect retrouveront une signification”, a-t-il ainsi déclaré “C’est grâce à François Fillon, seul Premier ministre de la Ve République a avoir accompagné tout le mandat d’un Chef de l’Etat, qu’ont pu être votées les deux lois que j’ai initiées : l’une contre l’absentéisme scolaire avec suspension des prestations familiales en cas de multi-récidive et l’autre portant sur la création d’un service citoyen avec encadrement de type militaire pour les mineurs délinquants”.
C’est à croire qu’Eric Ciotti cherche à se persuader lui-même de son intransigeance sécuritaire. A force d’autant d’acharnement, il invite à se demander ce qui peut bien se dissimuler dans les replis d’une personnalité d’apparence aussi simpliste et transparente.
D’ailleurs, il arrive à monsieur Ciotti de se trahir. Ainsi en est-il de son dernier lapsus, dont on connaît les significations en creux grâce à Freud. Le 7 novembre il déclarait en effet qu’il voterait le projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe, avant de se reprendre quelques instants plus tard. Pendant une demi-seconde, le laxiste de monsieur Eric Ciotti a refait surface, avant que le sur moi autoritaire reprenne illico le contrôle.
Est-ce que finalement monsieur Ciotti serait un faible ? Toute cette force serait-elle le masque contrefait d’un homme qui n’a de substance que dans la radicalité ? Son numéro de méchant gendarme à la limite de la parodie porte à le croire.