

Ce n’est (plus) un secret pour personne, Laurence Parisot brigue un troisième mandat à la tête du Medef. Une candidature qui suppose un changement des statuts de l’organisation patronale, question qui sera tranchée jeudi 28 mars par son comité exécutif.
La charge est puissante. Un peu lâche, aussi. Le 16 octobre dernier, un nouveau blog voyait le jour, créé par une certaine Laure Pinpon. Nul ne sait qui se cache derrière ce pseudonyme. Toujours est-il que celle qui se présente comme « impliquée dans cette belle maison qu’est le Medef », désireuse de « commenter tranquillement (…) la campagne électorale » (sic), semble pourtant poursuivre des desseins un peu moins nobles. S’il ne fait pas de doute qu’elle entretient des rapports étroits avec le Medef, tant elle semble bien renseignée, ses intentions, elles, ont davantage à voir avec un bashing ad hominem en bonne et due forme qu’avec des velléités neutres et pacifistes de commenter l’actualité du Medef.
Courant janvier, deux vidéos parodiques sont postées sur YouTube par un certain MedefInsider. Prenant pour cible Laurence Parisot, ces vidéos consistent en des montages de films célèbres dont les sous-titres ont été modifiés : Kill Bill et La Chute. Dans le premier, la présidente du Medef est représentée sous les traits du personnage d’O-Ren Ishii, tueuse sanguinaire, froide et sans scrupules. Dans le second, elle prend l’apparence d’Hitler. Dans les deux, Parisot est présentée comme une personnalité avide de pouvoir et incapable d’empathie. On ne manquera pas de trouver le procédé plutôt nauséabond.
Mais l’intérêt de ces vidéos est ailleurs. Dans le pseudonyme de celui qui les a postées, déjà : MedefInsider. Là encore, le « corbeau » insinue fréquenter la boutique. Dans la facture du montage et des sous-titres, aussi, très propres. Travail de pro, à n’en pas douter.
Alors forcément, on s’interroge. Qui peut bien en vouloir à Laurence Parisot au point de recruter un ténor du lobbying pour la dézinguer ? Si l’on écarte des autres prétendants à la présidence du Medef le menu fretin (Pierre Gattaz, Jean-Claude Volot et Thibault Lanxade), dont les chances, Parisot en lice ou non, sont minces, reste deux noms. Frédéric Saint-Geours, d’une part. Geoffroy Roux de Bézieux, d’autre part.
A première vue, le pedigree du second ne révèle rien de suspect. Pourtant, à bien y regarder, on constate qu’il est probablement à l’origine d’une pétition hostile à la réélection de Laurence Parisot, publiée sur Wesign.it – plateforme créée par la Netscouade, ayant elle-même pour client la Fédération française des Télécoms, organisme dont Roux de Bézieux est Vice-président. Roux de Bézieux est par ailleurs conseillé par Havas Worldwide, agence aussi en cheville avec Frédéric Saint-Geours. Une information qui permet de tisser un réseau d’intérêts communs entre les deux candidats, intérêts qui ne se recoupent qu’en un seul point : le départ de Laurence Parisot – les deux hommes étant pour le reste rivaux.
Enarque et patron de la sulfureuse UIMM, Saint-Geours s’est quant à lui prononcé de longue date contre la candidature de Parisot. En fait, l’homme est à ce point obsédé par l’éviction de cette dernière qu’il a mis un point d’honneur à ne pas se déclarer candidat tant qu’elle ne sera pas mise hors course par le comité exécutif du Medef, ce jeudi – si tant est qu’elle le soit.
La Lettre A révèle que le conseiller particulier de Saint-Geours s’appelle Stéphane Foulks. Une éminence grise au passé trouble. Patron d’Havas Worlwide, l’homme s’est illustré par ses choix de clients périlleux. Professionnel de l’enfumage, de la dissimulation, des manoeuvres louvoyantes et cyniques, Foulks n’a pas hésité à orchestrer la communication de Ben Ali, DSK, Gbagbo ou encore Moubarak. Ça laisse songeur.
D’autant que l’agence H, appartenant au groupe Havas, avait déjà été épinglée dans une affaire de Black PR, après s’être attaquée violemmment aux associations anti-Hadopi sur le net, pour le compte de son client Hadopi.
La haine viscérale que voue Saint-Geours à Parisot et l’équipe de francs-tireurs dont il s’est entouré pour piloter sa campagne ne suffisent pas à conclure à sa culpabilité. Elles permettent en tout cas de tisser un faisceau d’indices non négligeable et de faire de lui, dans l’affaire du Parisot bashing, l’incontestable suspect numéro 1. Suivi de près par Roux de Bézieux.
Pauvre pitchoune qui est entrain de perdre la confiance des patrons du medef l abus de pouvoir est dangereux pour la sante