
Alors que les relations bilatérales entre les différents pays des BRICS semblent se renforcer au rythme des visites de leurs dirigeants, on s’interroge sur la capacité politique pour parvenir à un accord multilatéral. Ce qui était à l’origine un acronyme destiné à caractériser des économies émergentes pourrait se transformer en construction politique. Le cinquième sommet qui se tient actuellement à Durban en Afrique du Sud devrait apporter des précisions sur les modalités choisies afin de renforcer l’influence de ces cinq puissances sur la scène internationale.
Tandis que le déséquilibre des flux financiers est de plus en plus criant, que les critiques à l’encontre du système des taux de changes flottants se font de plus en plus pressantes et que les accords du Louvre restent encore à l’esprit des dirigeants du G8, de nouvelles modalités d’interventions sont en cours d’élaboration en dehors des instances internationales… Assistons-nous à la naissance d’un nouvel ordre mondial où les puissances occidentales seraient définitivement écartées ?
Incontestablement cette réunion qui rassemble les chefs d’Etat de près de 40% de la population mondiale ressemble à un embryon de gouvernance mondiale, pourtant pas de Monsieur Obama sur la photo de famille, et a fortiori pas de Monsieur Hollande ni de Madame Merkel. Le souvenir de la conférence de Bandung de 1955 s’estompe pour laisser place à de nouvelles revendications. Pourtant les aspirations de ces nouveaux acteurs géopolitiques semblent ne pas avoir trouvé de réponse satisfaisante au sein des structures déjà en place. A défaut d’une gouvernance mondiale on observe la création d’une organisation internationale sui generis dont le but avoué est de mieux faire valoir les positions de ses membres au sein des organes de décisions telles que l’OMC ou encore de l’ONU. Pour aller au-delà de la simple déclaration de principe et de la volonté affichée par les cinq chefs d’Etat (Brésil : Dilma Roussev, Russie : Vladimir Poutine, Inde : Manmohan Singh, Chine : Xi Jinping, Afrique du Sud : Jacob Zuma), le cinquième rassemblement aura la lourde responsabilité d’établir un secrétariat général et de mettre en place des institutions financières.
Les objectifs sont ambitieux et vont se préciser au cours des échanges des différentes délégations mais également par la suite comme en atteste l’annonce de la création de la banque de développement, ainsi le ministre du commerce sud-africain, Monsieur Davies affirme : « Il y a encore beaucoup de détails à discuter (…) et il va y avoir un processus pour le reste de ces détails ». Si la contrainte budgétaire ne semble pas devoir entraver les discussions, d’autres difficultés devraient venir se dresser sur la longue route du compromis indispensable aux relations internationales. La déclaration finale est l’objet de toutes les tractations et les spécificités nationales cherchent plus que jamais à se faire entendre. En effet malgré les ressemblances, les parties prenantes n’ont pas totalement exactement les mêmes intérêts comme nous le rappelle Ruchir Sharma directeur des marchés émergents chez Morgan Stanley : « the Brics are split over commodity prices. China and India, which import vast amounts of commodities, want lower prices. The exporters of Brazil, Russia and South Africa want higher prices ». Autrement dit les disparités des tissus économiques entrainent les mêmes divisions sur les orientations de la politique économique que sur le vieux continent.
Surtout, c’est la question des modalités même des relation entre les BRICS et le reste du monde qui est posée. A cet égard, les relations avec l’Afrique semblent primordiales, reposant sur des personnalités capables de jouer le rôle de « pont entre les continents », comme l’indique Maxime Gandzion, auteur du rapprochement entre le Brésil et le Congo. Pour cet ardent défenseur de l’agriculture biologique, la similitude des défis à relever doit créer des solidarités trans-continentales, au-delà de la seule Afrique du Sud.
En somme, le nouveau monde se dessine mais il ne peut faire abstraction des réalités. Les émergents sont certes en quête de plus d’indépendance vis-à-vis de l’occident, ils veulent notamment se prémunir d’un défaut de liquidité en cas de nouvelle crise du crédit, toutefois leurs solidarités ne transcendent pas totalement les divergences nationales comme en atteste d’ailleurs la question du financement de la future banque de développement.
Le BRICS a tout les traits d une loge de franc-macon international
non il n’y a pas de porc dans le cheval