Les relations Afrique/Occident : entre ingérence et indifférence

tintin_congo

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Nombreuses sont les voix à s’élever pour critiquer les relations entre l’Afrique et l’Occident. Et à critiquer l’ingérence occidentale sur ce continent. Ceci depuis des décennies et peut être encore pour des décennies. En cause : l’ingérence des pays occidentaux dans les affaires africaines dès que leurs intérêts sont en jeu. L’indifférence de ces derniers quand les pays sont trop pauvres pour les intéresser. Yoweri Museveni, Denis Sassou Nguesso, Osama Abdelkhakeh Mahmoud… Nombreux sont les chefs d’État à s’élever contre cette forme de néo-colonialisme.

Dans le film Le Dernier Roi d’Écosse, Idi Amin Dada le dictateur ougandais (brillamment interprété par l’acteur oscarisé pour ce rôle, Forest Whitaker) se penche à l’oreille du jeune médecin écossais, lâche et profiteur, et lui dit ces quelques mots : « Regarde toi. As tu fais quelque chose de bien ? Tu pensais que c’était un jeu ? ‘Je vais aller en Afrique et je vais jouer l’homme blanc avec les autochtones ‘ C’est ce que tu pensais ? Nous ne sommes pas un jeu, Nicholas. Nous sommes réels ».

À elle seule cette citation du film résume bien l’ampleur du problème. Cette croyance toute occidentale qui consiste à considérer les peuples africains comme des pantins tributaires du bon vouloir des grandes puissances. Cette croyance s’étend aux populations elles-mêmes qui ont tendance à considérer ce qui se passe sur ce continent comme des faits un peu irréels, des conflits entre personnes pas tout à fait comme elles.

Au centre de l’intérêt occidental pour l’Afrique : l’argent. « Il faut soutenir les dictateurs africains sinon ils ne feraient pas d’élections. » aurait confié Jacques Chirac au journaliste Pierre Péan. L’Occident veut donner des leçons aux Africains, veut leur expliquer les droits de l’Homme, la démocratie, le capitalisme, l’économie. Et au regard de l’état de ses populations elle peut en donner des leçons ! La violence urbaine, le nombre de toxicomanes, de personnes seules et isolées qui meurent sans famille dans l’indifférence générale. La corruption de ses hommes politiques qu’un nouveau scandale éclabousse chaque jour. Les ravages du système financier sur les plus faibles, de leur industrie sur l’environnement. Oui les états occidentaux sont bien placés pour donner des conseils politiques, eux alliés, amis qui se mettent sur écoute !

Le 13 novembre dernier, Osama Abdelkhakeh Mahmoud, représentant permanent de l’Égypte auprès des Nations Unies demandait au Conseil des droits de l’Homme  de rappeler le principe de non ingérence. Il a déclaré que le Conseil des droits de l’Homme, pour réussir, devait respecter les principes inspirés de la Charte des Nations Unies et éviter de promouvoir de nouveaux principes tels que les droits sexuels, pour les imposer à tous. Il a demandé aux États de ne pas se servir du Conseil pour s’ingérer dans les affaires des autres.

De son côté, le président de Guinée Equatoriale, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo s’était élevé vigoureusement contre l’intervention de la France et de l’ONU dans le conflit ivoirien alors qu’il était président en exercice de l’Union africaine. Pourquoi n’a t’il pas été écouté ? Parlant de la Côte d’Ivoire il a estimé que l’ingérence des pays étrangers, des Nations Unies et de tous les organismes a aggravé la situation, ces derniers prenant clairement position dans un conflit interne. Il a clairement mis en cause la France qui selon lui, avait promis de donner le pouvoir à l’une des parties en utilisant l’armée française.

La Guinée Équatoriale a rappelé ce principe de non ingérence dans les affaires internes quand le pays a attaqué la France dans l’affaire dite des « bien mal acquis » estimant qu’elle n’avait pas à se mêler des affaires internes du pays.

Même son de cloche chez Denis Sassou Nguesso, président de la République du Congo, accusé par la France des mêmes choses. Il a déclaré lors de sa visite en France en avril dernier que le « principe de non-ingérence devait être respecté pour que la justice en France ne se sente pas le droit de traiter de questions qui intéressent les problèmes intérieurs aux autres Etats ». Le nombre d’exemples est infini : ingérence dans les conflits internes, ingérence dans les affaires politiques, dans les affaires financières. La liste est longue et il serait bon d’y mettre un terme.

Il existe une zone grise entre interventionnisme et indifférence. Il existe une zone où les intérêts financiers ne gouvernent pas chacune des actions occidentales. Un rapport d’information intitulé « l’Afrique est notre avenir » a été présenté au Sénat le 29 octobre dernier. Puisse-t-il guider les responsables français vers plus de clairvoyance.

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A propos de l'auteur Paulpir

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