Lutte anti-corruption : le comportement de l’Union européenne interpelle…

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À l’exception des pays du Nord, le vieux continent est loin d’être exemplaire en matière de lutte contre la corruption. Même en France, pilier de l’Union européenne (UE), nos hommes et femmes politiques ne sont pas des exemples à suivre, à l’image du « Penelope Gate » ou encore des emplois fictifs de Marine Le Pen. Depuis plusieurs années, l’Union européenne affirme vouloir mettre un terme à ce genre de pratiques qui lui coûte entre 179 et 990 milliards d’euros par an. Pourtant, dans certains cas, comme celui de l’adhésion du Monténégro par exemple, l’UE semble prête à faire une croix sur ses bonnes résolutions et même revoir ses critères d’adhésion à la baisse…

Patrie des droits de l’Homme, la France jouit à travers la planète d’une réputation enviée par nombre de démocraties modernes. Pourtant, dans le classement 2016 de l’ONG Transparency international sur la corruption dans le monde, l’Hexagone ne pointe qu’à la 15e place européenne.

Loin devant la France, dont l’actualité politico-judiciaire crépite depuis fin janvier avec l’affaire des emplois fictifs qui plombe la campagne présidentielle de l’ancien premier ministre François Fillon, le trio de tête, composé par le Danemark, la Finlande et la Suède, domine une Europe à deux, voire trois vitesses.

Moins élevée dans les pays septentrionaux, qui incluent également la Suisse (4e), la Norvège (5e), les Pays-Bas (6e), l’Allemagne, le Luxembourg et le Royaume-Uni (7e ex æquo), la corruption reste une triste réalité dans les pays du sud de l’Europe comme la France donc, mais aussi le Portugal (17e), l’Espagne (18e), Chypre (21e), Malte (23e), l’Italie (28e) et la Grèce (30e).

En Europe centrale et de l’Est, la corruption est un véritable fléau. À égalité, la Russie et l’Ukraine pointent en 43e et dernière position du classement européen, précédées par le groupe des pays eurasiatiques (Turquie, Azerbaïdjan, Arménie et Géorgie) ainsi que plusieurs pays des Balkans (Moldavie, Macédoine, Albanie, Serbie et Monténégro).

Monténégro : une situation alarmante, mais apparemment pas rédhibitoire…

Aux côtés de la Moldavie, de la Macédoine, de l’Albanie, de la Bulgarie et de la Serbie, le Monténégro passerait presque pour un bon élève puisqu’il occupe la 31e place du classement européen. Mais contrairement à certaines nations voisines comme la Roumanie, qui a entamé en 2002 une grande opération de nettoyage, le pays d’à peine 620 000 habitants ne semble pas faire de grandes avancées en matière de lutte anti-corruption et fait même parler de lui pour d’autres faits qui ne sont pas plus reluisants…

Indépendante depuis 2006, la jeune république a été dirigée pendant 25 années par Milo Djukanovic, successivement Premier ministre, président puis de nouveau chef du gouvernement entre 2003 et 2016. Devant son impopularité croissante, le leader monténégrin a dû laisser la place à son camarade du parti majoritaire Dusko Markovic, que d’aucuns qualifient de docile lieutenant au service de la candidature de Milo Djukanovic à l’élection présidentielle de 2018…

En un quart de siècle, l’ancien chef de l’État a collectionné les casseroles, allant même jusqu’à mêler sa sœur Ana, alors accusée d’avoir accepté des pots-de-vin pour agir en faveur du rachat d’une filiale des télécoms monténégrine par une filiale de la société des télécoms hongroise. Son frère Aco, dont la banque a été la seule du pays à bénéficier d’une aide publique de 44 millions d’euros lors de la crise financière de 2008. Et enfin son propre parti, mis en cause dans l’ « affaire de la cassette » en 2012, lorsque plusieurs médias avaient rendu publiques les « transcriptions des enregistrements audio dans lesquels de hauts responsables du parti ordonnaient à d’autres membres d’utiliser les ressources et l’argent public pour obtenir davantage de voix lors des élections législatives ».

Milo Djukanovic lui-même a échappé de peu à la prison, en 2009, grâce à son immunité diplomatique, qui l’a protégé des poursuites engagées par la justice italienne le soupçonnant de faire partie d’un réseau international de trafiquants de cigarettes dont le Monténégro était devenu la plaque tournante. La contrebande de cigarettes entre le Monténégro et l’Italie aurait rapporté plus d’un milliard d’euros de bénéfice entre 1996 et 2002 et continuerait à financer les organisations terroristes au Moyen-Orient. Et ceux qui se risquent à s’élever contre Milo Djukanovic semblent le faire au péril de leur vie : Dusko Jovanovic, ancien rédacteur en chef du quotidien Dan, connu pour ses prises de position virulente contre le gouvernement a été assassiné quelques jours avant son témoignage au tribunal. Une affaire qui n’a d’ailleurs toujours pas été élucidée…

Le Monténégro semble être loin de respecter les valeurs prônées par l’UE. Pourtant, celle-ci considère l’ancienne province yougoslave comme le pays « le plus avancé des candidats à l’adhésion » … Est-ce la comparaison avec les territoires voisins qui fausse le jugement de Bruxelles ? L’UE a-t-elle décidé d’abandonner toute sélection à l’entrée ? Si l’adhésion du Monténégro venait à être définitivement validée, cela signifierait une chose, à savoir que la corruption n’est pas « une priorité pour l’UE », comme le déclarait, navré, le directeur de la branche européenne de l’ONG Transparency International, Carl Dolan, en novembre 2016 après avoir constaté que les mesures mises en place par l’UE n’étaient pas à la hauteur des problèmes de corruption que rencontrait le vieux continent.

 

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5 réactions à “Lutte anti-corruption : le comportement de l’Union européenne interpelle…”

  1. La lutte anti corruption par l’Europe est à géométrie variable.

    Pour le Fn, c’est le socialiste allemand Schulz, ex président du parlement européen, qui a fait déclencher la procédure bien évidemment pour nuire, en période électorale, au Fn qui est contre l’Europe actuelle de la finance et des technocrates.

    D’ailleurs le Fn a saisi la justice à ce sujet, car pour l’instant il n’y a qu’une décision administrative de l’Europe, hautement contestable, mais reprise en boucle par les médias aux ordres.

    Enfin Marine Le Pen contre-attaque dans l’affaire des assistants parlementaires :Le Fn engage, deux procédures distinctes auprès de l’Olaf (Office européen de lutte contre la fraude) et du Parquet national financier (PNF). Cette démarche concerne une quarantaine d’assistants parlementaires associés à une trentaine d’eurodéputés français représentant divers courants politiques. Ceux là même qui hurlent contre le Fn.

    Exactement comme le Ministre de l’intérieur, Leroux, qui critiquait Fillon pour l’emploi de sa femme alors que lui employait à l’Assemblée ses 2 filles, agées de 15 et 16 ans…ou Bayrou dénonçant les 40 000€ de costumes offerts à Fillon et oubliant qu’il avait tenter de faire passer pour plus de 46 000 € de costumes en frais de campagne, donc payés par le contribuable, en 2002 !.

  2. Encore une preuve d’une Europe de pourris, de corrompus et de technocrates au service de la Finance.

    Il faut en sortir au plus vite !

  3. L’Europe de la Finance et des magouilles :

    Les banques de l’UE déclarent un quart de leurs bénéfices dans des paradis fiscaux

    Le taux d’imposition des banques étudiées s’élève en moyenne à 6% et descend à 2% pour certaines banques, «bien en deçà du taux normalement en vigueur de 12,5%, déjà le plus faible de l’Union européenne».
    Les cinq plus grandes banques françaises -BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole, Crédit Mutuel-CIC et Société Générale- «ont déclaré 5,5 milliards d’euros de bénéfices dans les paradis fiscaux».
    Quatre d’entre elles sont notamment présentes aux Iles Caïmans, où elles ont réalisé «174 millions d’euros de bénéfices bien qu’elles n’y emploient personne».

    Le Figaro.fr

  4. Je trouve scandaleux que Mme Le Pen se réfugie derrière son immunité de Député Européen pour fuir la justice Française. C’est un camouflet fait vis à vis des vrais patriotes !

    1. Habituel du bobo Titi, revenir en catimini sur des articles anciens pour y pondre sa fiente. Un vrai lâche !

      On trouve scandaleux que tes potes socialos du gouvernement et de l’Europe instrumentalisent la justice et les médias juste au moment des élections contre leurs adversaires de droite.
      C’est un déni total de démocratie, digne du Stalinisme.

      Et ça c’est extrêmement grave.

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