
Il aura fallu bien des drames pour que le monde daigne regarder ce qu’il se passe en Libye. Ejecté du pouvoir par les armes de l’OTAN, le colonel Kadhafi n’aura pas eu le déplaisir de voir son pays couler à pic. L’un des co-auteurs de ce projet monstrueux n’est autre que Bernard Henri Lévy. Celui qui a contribué à l’émergence des islamistes de l’autre côté de la Méditerranée ne regrette en rien sa dernière grande œuvre. La Libye n’est plus qu’un champ de ruines où tout est permis – même le trafic d’esclaves à grande échelle. Mais peu importe les milliers de morts et de personnes mis en esclavage, le va-t’en guerre est parvenu à ses fins.
Pourquoi ne pas prendre le contrepied d’un des plus grands philosophes et assurer que le rôle de ces derniers n’est absolument pas de jouer aux conseillers du prince ? C’est ce qu’affirmait alors le jeune BHL dans l’un de ses premiers ouvrages qui devait mettre sur orbite « les nouveaux philosophes ». Concept marketing et en rien philosophique, les nouveaux philosophes ont eu un impact non pas sur la philosophie mais sur le réel. De tous les mauvais combats depuis quatre décennies, la dernière œuvre de leur grand manitou s’est soldée par la destruction de l’Etat libyen, le chaos islamiste auquel s’ajoute désormais un esclavagisme de masse.
Libye : destruction, islamisme et esclavagisme
Le triptyque est détonnant et a pour co-auteur un certain BHL. Alors que Sarkozy était encore président et qu’il se murmurait que l’argent libyen avait été bien utile à son élection en 2007, BHL a de nouveau déboulé à l’Elysée pour jouer au… conseiller du prince. A l’image de Tariq Ramadan, BHL écrit l’inverse de ce qu’il affirme et est prêt à affirmer le contraire de ce qu’il a dit pour ne pas laisser échapper une quelconque opportunité. Comme avec Mitterrand, il a donc soufflé dans l’oreille du président Sarkozy qui a utilisé ce triste sire comme prétexte au déclenchement du chaos dans la Libye de Kadhafi. Le tandem Sarkozy-BHL a conclu une alliance de circonstance avant que le philosophe mène sa barque jusqu’au port Hollande puis Macron.
Une traversée sous tous les temps qui n’efface pas son rôle dans le champ de misère et de chaos qu’est devenue la Libye. Après avoir secoué le cocotier libyen, les islamistes ont pris le contrôle d’une vaste partie du pays sans que l’OTAN ne trouve de bombes à leur envoyer dessus. Des milliers de libyens ont péri et ce n’est qu’au moment où la possibilité d’un califat allant d’Irak à la Libye s’est imposée que ces chers messieurs de l’OTAN ont alors donné un coup de pied timide dans la fourmilière libyenne. La Libye est en lambeaux, mais il y a toujours un moyen de faire tourner le commerce. Le pétrole ? Certainement, il permet de financer les différentes factions pour maintenir le chaos. Mais il n’y a pas que l’or noir dont une grande partie est dirigée discrètement vers les grandes puissances. Il y a aussi le trafic d’esclaves.
Et comme dans un monde parfait, tout s’emboîte idéalement. Des centaines de milliers d’Africains se rendent en Libye dans l’espoir de franchir la Méditerranée poussés par une main invisible appelée mondialisme. Ils seraient environ 400 000 migrants bloqués en Libye et 10 000 seraient d’ores et déjà tombés en esclavage. Les vidéos et photos commencent à circuler et les Européens entonnent une même complainte pour partager leur effroi et tristesse. Même le Secrétaire général de l’ONU y va de son « horrifié ».
La situation est horrible, monstrueuse mais en rien nouvelle puisque dans un rapport de l’Office international des migrations d’avril 2016, il était explicitement dit que des milliers d’Africains étaient mis en esclavage. Quelle différence entre avril et novembre 2017 ? Aucune, si ce n’est que l’horreur ne peut plus être cachée avec des images qui tournent en boucle. Dans notre monde, un crime n’existe que si une image l’illustre. Pas d’image, pas de crime et ce quand bien même tout le monde sait que ce crime existe et se déroule actuellement.
Les Libyens dans leur ensemble vont donc être qualifiés de bourreaux. Une raison suffisante pour les bombarder encore une fois ? Cela ne déplairait pas au général BHL qui a montré que les pertes humaines ne sont qu’un détail. Du moment que la démocratie est inscrite sur le papier, toutes les atrocités peuvent bien avoir lieu. BHL aura-t-il l’audace d’écrire un livre sur l’esclavage moderne ? Impossible n’est pas BHL !
Le gouvernement Libyen qui sort d’une guerre civile n’a certainement pas les moyens de gérer la misère des autres.
La mafia libyenne abuse des migrants.
Oui,
mais sans oublier que les migrants abusent eux même et d’abord de la vulnérabilité de la Libye.