
C’est un exploit dont lui même n’osait guère rêver. Jack Lang a réussi à faire parler de lui deux fois en l’espace d’une semaine. Les colonnes de 24 heures actu ne dédaignent pas rappeler les dérapages et vicissitudes de nos élites, mais parvenir à être l’objet de deux articles en sept jours pour un individu qui a pratiquement disparu des écrans radar, c’est du grand art. Il n’est pas étonnant que Jack Lang ait été ministre de la Culture. Aucune surprise, mais du dégoût à le voir câliner son « ami » Woody Allen.
Quand la tempête gronde, les soutiens se font plutôt discrets. Jack Lang, lui est un homme de cœur et d’une fidélité à toute épreuve. Accusé par sa fille adoptive d’abus sexuels depuis plusieurs années, le réalisateur américain est victime d’ostracisme depuis l’explosion de l’affaire Weinstein. Hollywood ne veut plus se mouiller avec des individus aux comportements ignobles et Woody Allen est mis sur la touche. Rien de bien méchant en comparaison de son compère Weinstein qui devra répondre de ses actes devant la justice. Pas même de censure comme Kevin Spacey dont l’ensemble des scènes du dernier film de Ridley Scott ont été mises à la poubelle. Woody Allen est prié de se faire discret, c’est tout.
Ami de la présomption d’innocence…
Mais cette mise en retrait n’est pas du goût du défenseur des arts qu’est Jack Lang. Choqué, il reprend sa bonne recette à la sauce Twitter qui lui avait déjà valu de belles reprises dans les médias. Après les insultes au président américain, voilà le soutien de Woody Allen. Dans deux tweets postés les 18 et 19 janvier, on peut voir Jack Lang en photo avec son « ami » Woddy Allen. L’un des clichés est suivi d’un hashtag « WoodyAllenforever ». Quand on vous disait qu’il était fidèle en amitié !
Les accusations qui pèsent sur le metteur en scène américain ? Ce n’est pas l’affaire de Jack. « Je ne suis pas juge pour démêler le vrai du faux mais il y a manifestement un ‘Woody-bashing’ qui ne date pas d’aujourd’hui. (…) Ça prend un tour violent, brutal. Il y a des pressions innombrables qui s’exercent pour ne pas diffuser ses films, pour contraindre les acteurs à se retirer des castings. J’admire l’œuvre de Woody Allen. J’ai eu le désir de dire mon amitié à quelqu’un qui se trouve dans une situation très dure, mais je n’en tire pas de conclusion sur l’affaire ». On connaît l’amour d’individus comme Jack Lang pour la présomption d’innocence. Les cas Polanski et Strauss-Kahn ont largement permis de rappeler à la masse qu’est le peuple l’importance de la présomption d’innocence…
Le vent devient quelque peu contraire et il est temps de protéger l’ami Allen. Ce dernier avait jugé « triste » la chute d’Harvey Weinstein. Décidément, certains ont du mal à dénoncer des dérives effryantes. Le cas Allen n’est pas jugé et ne le sera certainement jamais, mais n’en déplaise à Jack et ses autres amis, le jugement de la morale a déjà été rendu et il n’est pas en faveur de celui qui a épousé son autre fille adoptive… Woody Allen est peut-être un bon réalisateur, mais aussi doué qu’un artiste soit, cela ne lui donne pas le droit de tout faire.