
Dans quelques semaines, les membres du Conseil de l’Europe devront faire un choix cornélien : exclure de facto la Russie après ses atteintes répétées au droit international, ou laisser une énième « dernière chance » aux autorités russes. Mais cette option relèverait une fois de plus les faiblesses des nations européennes face à Moscou.
L’héritage historique, culturel et civilisationnel russe ancre naturellement le pays au reste du continent européen. Ainsi la langue russe, dérivée de l’allemand, de l’anglais ou du français, a fourni une pléthore d’auteurs qui ont en retour considérablement influencé la littérature européenne : Tchekhov, Dostoïevski, Soljenitsyne, Tolstoï, Gogol… sans compter les compositeurs, les musiciens, les scientifiques… D’ailleurs dès le XVIe siècle, des contacts commerciaux sont établis entre l’Angleterre et la Russie d’Ivan IV et Moscou « la troisième Rome » étend son influence dans les pays baltes, l’Ukraine, la Pologne. Dès lors, l’aigle bicéphale russe ne cessera de regarder à la fois vers l’Ouest et l’Est, vers l’Europe et vers l’Asie.
Mais en 2018, l’Europe n’est pas qu’un ensemble géographique, culturel et historique. C’est aussi l’adhésion à un certain nombre de valeurs, un respect de la liberté individuelle, de la démocratie et de l’État de Droit. Un particularisme hérité de l’humanisme, des Lumières, d’Aristote, de Hobbes, de John Lock, de Rousseau, de Kant ou de Rawls et qui a façonné nos sociétés européennes. Un havre de 700 millions d’habitants dans un monde qui peine encore à respecter l’égalité de droits entre les individus et la dignité humaine.
Bien sûr, l’Europe n’est pas parfaite : viser un équilibre entre le projet collectif et le respect des libertés individuelles nécessite forcément des réajustements permanents, des erreurs, des chutes. Mais les débats qui transcendent nos sociétés sur l’éthique journalistique, sur le rôle de l’État, sur la frontière entre vie privée et vie publique ou entre la liberté et la sécurité démontrent que les citoyens européens persistent à vouloir maintenir ce précieux héritage.
De ce fait, la Russie fait-elle toujours partie de l’Europe ? Forcément, un peu moins. Et ce n’est pas faire insulte aux Russes que de relever ce fait.
Faut-il réintégrer la Russie au Conseil de l’Europe ?
Le Conseil de l’Europe est la principale organisation de défense des droits de l’Homme du continent, en regroupant 47 États (dont les 28 États membres de l’UE). Il fournit à la Commission européenne la seule expertise légitime en matière de normes démocratiques sur l’ensemble du continent. Or, si la Russie est membre du Conseil de l’Europe, elle n’en demeure pas moins sous le coup de sanctions : le droit de vote de ses représentants est suspendu chaque année depuis 2014. En effet à plusieurs reprises, les autres nations européennes ont réclamé des autorités russes une meilleure coopération, un respect des droits de l’Homme et du droit international, en particulier sur la question ukrainienne.
En effet, la Russie n’a toujours pas pleinement mis en œuvre les accords de Minsk, signés par les autorités russes en 2014 et en 2015 et qui prévoyaient notamment la libération des prisonniers ou la démilitarisation du Donbass. Nous sommes en 2018, la Russie n’a toujours pas daigné faire la moindre concession après son annexion de la Crimée et ses troupes occupent toujours une partie du territoire ukrainien. Moscou continue d’apporter un soutien militaire aux Républiques populaires de Donetsk et Lougansk sur le terrain et la grève de la faim entamée depuis plus de 100 jours par le réalisateur Oleg Sentsov nous rappelle qu’ils sont plusieurs milliers comme lui, Ukrainiens enfermés dans les geôles russes pour s’être opposés à l’annexion d’une partie de leur pays par les troupes de Vladimir Poutine.
Dans ces conditions, il paraît logique que les nations européennes demandent des comptes à la Russie, d’autant plus après l’agression de l’une d’entre elles. Mais les membres du Conseil de l’Europe sont désormais à la croisée des chemins : au début du mois d’octobre, leurs représentants seront amenés à se prononcer pour ou contre la « réintégration » de la Russie.
On efface l’ardoise et on oublie tout ? Un peu trop facile. En plus de la question ukrainienne, il faut rappeler que le pays refuse toujours d’appliquer les jugements de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), ce qui est censé être obligatoire pour un pays membre, et que la torture et les atteintes à la liberté de la presse sont toujours monnaie courante en Russie.
Mais certains membres du Conseil de l’Europe pratiquent un intense lobbying depuis plusieurs mois pour « réintégrer » les Russes, et pour cause : depuis juin 2017, la Russie a gelé sa contribution annuelle de 33 millions d’euros au budget de l’institution. Un manque à gagner colossal pour l’organisation.
Depuis, le Conseil de l’Europe est devenu un champ de bataille entre les partisans d’un retour de la Russie en bonne et due forme et ceux qui préconisent que l’organisation reste fidèle à ses valeurs et ses principes. Thorbjørn Jagland, Secrétaire général de l’organisation, tente depuis plusieurs mois de convaincre les représentants de la France, de l’Allemagne et des autres pays membres de fermer les yeux sur les agissements de la Russie et de « normaliser » sa situation. En face, plusieurs pays, comme la Pologne ou l’Ukraine, demandent au contraire qu’on laisse les autorités russes se marginaliser toutes seules par leur dérive autoritaire. Dans le meilleur des cas, la Russie pourra toujours être réintégrée dans quelques années, si sa politique devient plus conforme aux valeurs défendues par l’institution.
Dans quelques semaines, les membres l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe devront trancher : faut-il tenter de garder la Russie dans l’organisation pour espérer un changement progressif de régime, quitte à ridiculiser nos principes ? Ou faut-il laisser la Russie s’exclure d’elle-même pour rester cohérents sur nos valeurs, quitte à menacer l’équilibre du budget de l’organisation ? Réponse dans quelques jours.
Bon, que les russes cèdent Königsberg et ce sera un premier petit pas accompli . . .
bon, eh bien que les russes cèdent Kônigsberg aux polonais et aux allemands et cela montrera la bonne volonté de Putin . . .
On voit là une fois de plus que nos dirigeants sont aux pieds des USA.
La Russie nous a grandement libéré des Nazis avec des millions de morts,elle ne nous a jamais fait la guerre(c’est Napoleon qui a essayé de les conquerir) et pourtant on passe notre temps à en faire des ennemis ! ! ! !
Français réveillez vous arrêtez de vous faire manipuler par cette Amérique du rap,vulgaire et grasse,votez pour une Europe puissante et libre de choisir qui y faire entrer ou pas.
On s’en fout de ton königsberg ,Zelectron!!!!
Si la population du Donbass préfère avoir la citoyenneté Russe que Ukrainienne ça les regarde….
D’autant que Les USA +l’Europe ont tout fait pour « bricoler » un pouvoir à leurs mains en Ukraine.