Macron, cette créature télévisuelle

Emmanuelle Macron va prendre la parole dans quelques minutes afin de faire le bilan du grand débat et présenter les solutions disruptives et innovantes qu’il en a tirées. Avant de faire le bilan d’un bilan qui promet de faire couler beaucoup d’encre, il est temps de s’intéresser à la forme de cette énième intervention présidentielle. En effet, la Macronie avait promis un changement de monde, or, c’est bien sur la propagande télévisuelle que le président s’appuie pour sauver les meubles d’un quinquennat déjà raté.

Emmanuel Macron avait promis d’être Jupiter. Un homme ou plutôt un président au-dessus de la mêlée distillant sa parole au compte-goutte et laissant à ses ministres le soin de berner les Français. Le concept n’a pas tenu bien longtemps à l’épreuve de la réalité et Macron est omniprésent dans les médias, parle à tort et à travers. Le seul moment où les Français ont pu souffler est lorsque le président est entré dans un mutisme inattendue lors de l’irruption des gilets jaunes dans le champ politique et social français. Depuis, Emmanuel Macron est la star des médias et leur sert une soupe indigeste dont ils redemandent pourtant.

La télévision, premier bureau présidentiel 

Cinq mois après le début du mouvement des gilets jaunes, après vingt-deux samedis de manifestations, le pouvoir va enfin répondre (vraiment ?) aux revendications de millions de Français. Les miettes lancée à la volée en décembre dernier n’ont pas suffi à calmer le peuple et après avoir gagné de longues semaines avec un grand débat qui a pris de furieux airs de propagande d’Etat, il est temps de donner des gages sérieux. La presse aux ordres souffle le chaud et le froid sur les mesures qui seront annoncées. Attendons donc un peu avant de voir quelle poudre a été emballée par les armées de communicants de la Macronie et penchons nous sur le style de plus en plus vieillot adopté par le jeunot.

Les vidéos Youtube ne sont plus l’alpha et l’oméga de la communication présidentielle. Les trucs mal tournés pour faire plus proche du réel ne passent pas vraiment faute à un discours grotesque où le « pognon de dingue » n’est pas forcément là où on le dit. Et en plus, sur Youtube, il y a plein de vidéos bidonnées postées anonymement, n’est-ce par Ismaël Emelien ? Alors, il est bon de revenir aux bonnes vieilles recettes et de s’inviter chez le Français moyen par le biais de la télévision.

A vingt heures, le bon peuple aura le droit à une allocution présidentielle d’une vingtaine de minutes. Enregistrée (c’est plus simple pour mieux jouer la comédie), cette allocution est la troisième du président en l’espace de six mois. C’est beaucoup, et même beaucoup trop pour un président qui avait promis une parole rare. Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent et Macron l’a bien compris, alors il s’est lâché pendant le grand débat en promettant de tirer les conclusions d’un mouvement qui lui fait peur malgré ses apparences sereines et son mépris affiché aux lèvres.

Les annonces de ce soir risquent fort de ne pas être à la hauteur, mais le plus important est ailleurs. Il s’agit de conclure la grande farce appelée débat et faire passer les gilets jaunes pour d’éternels insatisfaits à défaut d’être des insurrectionnels d’extrême droite. Il faut une sorte de bouquet final pour mettre un terme à cette séquence qui a fait trembler la Macronie. Mais à y regarder de plus prêt, elle tremble encore, car les gilets jaunes ne sont pas morts et la mobilisation du 13 avril est repartie à la hausse. La colère des Français ne s’atténuera pas avec une simple présence télévisuelle. Le grand débat l’a prouvé. Monsieur Macron, un peu de sens politique et de bien commun. Il est temps de redonner aux Français ce qui leur a été injustement pris ou alors il faudra quitter le pouvoir.