Séminaire « équipe de France » ou les contradictions insurmontables du pouvoir

Vendredi 7 juin, le Premier ministre a cru bon jouer les chefs d’équipe de France avant que les nouveaux députés européens ne fassent leurs premiers à Bruxelles. Une intention louable envers les nouveaux paumés d’En Marche qui iront raconter n’importe quoi et surtout voter sans comprendre des textes qui leur seront soumis par les copains de Macron de la Commission européenne. Sauf qu’Edouard Philippe avait cru bon convier tous les députés européens français, c’est-à-dire ceux aussi du Rassemblement national. Une invitation grotesque après une campagne où les membres du RN ont été dépeints comme des adorateurs des pires régimes du XX^e siècle.

Moins de deux semaines après la défaite d’En Marche aux européennes, le Premier ministre a cru enfiler les habits de rassembleur en invitant à Matignon les 79 nouveaux élus dans le cadre d’un séminaire intitulé « équipe de France ». Une dénomination étrange à bien des égards. Tout d’abord, il est souvent précisé à juste titre que les euro-députés ne représentent pas leur pays. Ils sont des députés européens. Point final. Alors par quel tour de magie les députés français formeraient-ils une « équipe » au sein du Parlement européen ? Une équipe d’autant plus improbable qu’après avoir été insultés et associés aux pires infamies, les députés RN seraient devenus des membres à part entière d’une équipe uniquement fantasmée à Matignon.

En marche pense être le chef de tous les députés européens

Une petite dizaine de députés RN a eu la gentillesse de répondre à cette improbable invitation et Jordan Bardella a exprimé son incapacité à faire ami-ami avec la Macronie une fois le discours de Philippe achevé. Une position normale qui a été suivie par la plupart des euro-députés RN présents. Au moins, le Rassemblement national ne pourra pas être taxé d’ostracisme, car il a donné sa chance au mauvais produit En Marche. Une peine que ne se sont pas donnés les députés Verts qui ont boycotté le séminaire. Jadot ne touche plus terre et croit ou veut faire croire qu’il sera une force d’opposition à Macron à Bruxelles et à Paris.

Les Verts se font une nouvelle fois des illusions et d’opposition fantasmée, Jadot ne sera qu’un supplétif d’En Marche. Un homme sans troupes et sans plan de bataille qui n’a aucun pouvoir car il est député européen. Il serait bon de rappeler que ces députés ne servent pas à grand chose et que leurs votes n’ont aucun effet. Les décisions se prennent à la Commission et si le Parlement existe, c’est uniquement pour le vernis démocratique. Les parlementaires sont juste un rouage essentiel de la formidable machine à relations publiques d’une Europe non démocratique.

Et dans ce jeu de dupes, on apprend que Nathalie Loiseau fait encore des siennes. Un article du Figaro en date du 7 juin explique que le débarquement de Loiseau à Bruxelles est déjà un fiasco. Après avoir démontré toute l’ampleur de sa nullité en France, la tête de liste d’En Marche est déjà parvenue à se distinguer en traitant d’ « ectoplasme » celui qui pourrait lui ravir la présidence du groupe des libéraux (Alde). Une attaque qui fait sourire venant d’une politicienne au charisme d’une huitre, mais aux idées profondément ancrées pas moins dangereuses. Loiseau énerve déjà les alliés d’En Marche au niveau européen et les bras cassés venus de Paris ne vont pas tarder à prouver à tous leurs collègues européens qu’ils ne sont que des caisses enregistreuses travaillant pour le pouvoir. Le grand théâtre se met peu à peu en place et la pièce jouée risque fort de laisser des spectateurs les poches vides et à genoux.