Retraites : Macron prendrait-il peur ?

Emmanuel Macron est un président peu apprécié. C’est le moins que l’on puisse dire à la lecture des sondages et plus encore des réactions entendues lorsqu’il ose mettre un pied dehors. Comme le voile islamique n’est « pas son affaire », Macron est attendu sur l’autre grand sujet d’actualité : la réforme des retraites. Une réforme qui doit symboliser sa politique vigoureuse et très Nouveau monde, mais face à la colère et aux mouvements de grève, le petit Macron est semble-t-il tenté par une belle reculade qui ne doit surtout pas prendre des airs de renoncement…

Après son voyage à Mayotte et à la Réunion où il a tenté maladroitement de se rapprocher d’un peuple qui le fuit, Emmanuel Macron est rentré dans sa tour d’ivoire élyséenne. Il s’y sent bien, mais il l’a promis hier à l’occasion d’une interview diffusée hier sur RTL qu’il sera désormais plus « sur le terrain », plus à « l’écoute », et pour reprendre une expression déjà utilisée, plus « humain ». Macron n’a vraiment pas peur des grandes phrases, mais le petit a des craintes. La plus grande, aujourd’hui, est de voir la France se soulever à l’occasion de la réforme des retraites. Macron avait promis un big bang pour plus de justice sociale, les premiers signes de son renoncement se font déjà sentir…

Macron prêt à tout pour 2022

Cela devait être LA réforme du « second acte » de son quinquennat. En remettant à plat les retraites, Emmanuel Macron voulait montrer qu’il était capable de réussir là où tous ses prédécesseurs avaient échoué. La volonté est de fer ou plutôt de papier, car si le président a voulu jouer au convaincu en affirmant : « Je veux aller au bout de cette réforme. Je pense qu’elle est nécessaire pour le pays, donc je la défendrai », en coulisses ça rétropédale déjà. En effet, il ouvre lui-même une porte de sortie de crise en laissant penser que la réforme ne s’appliquera pas à tous. Les régimes spéciaux seront bien supprimés, mais pas vraiment…

Ainsi, un employé de la SNCF qui décrochera son contrat à l’issue de la réforme ne bénéficiera pas des largesses de l’Etat. Par contre, ses collègues entrés hier ou avant hier au sein de l’entreprise continueront de jouir des avantages d’une retraite pas toujours méritée. Ou comment supprimer les régimes spéciaux en leur accordant une grâce longue de plusieurs décennies ? Décidément, Macron est bien moins courageux qu’il ne le prétend, mais un banquier est-il vraiment fait pour jouer un rôle sur le champ de bataille (politique) ?

Macron s’inscrit finalement dans la droite ligne de son mentor hollandais. Il ménage la chèvre et le chou dans l’espoir que s’il ne met pas trop de Français dans la rue et si ses partisans ne sont pas trop désabusés, alors la réélection est assurée en 2022. Il devrait se souvenir de ses classiques et tenir compte de l’échec patent de Hollande. Alors, certes, les marionnettistes de Macron ne lui mettront pas une nouvelle baudruche dans les pattes, mais des surprises sont toujours possibles. Macron n’est qu’un pion et peut être remplacé à tout moment par le système. En 2022 ou plus tard, seule sa couardise face aux puissants et son inhumanité face aux faibles le dira.