Macron contre le « séparatisme » : quand l’Etat se lance dans une guerre asymétrique qu’il a déjà perdu

Macron a récemment déclaré, à Mulhouse, souhaiter lutter contre le « séparatisme islamiste ». Mesure phare de ce phrasé viril, la suppression des Elco (enseignement de langue et de culture d’origine), en fait décidée déjà en 2016 sous le précédent quinquennat, a été remis au goût du jour.

Mais que dit en réalité cette mesure, présentée comme un acte volontariste de « reconquête » de la République ? Les Elco avaient été mis en place dans les années 1970, et avaient pour but de favoriser l’intégration scolaire des enfants de travailleurs immigrés : ces derniers ayant (encore à l’époque) vocation à retourner dans leur pays après leurs travaux réalisés en France, il était souhaitable que leurs enfants ne perdent pas entièrement contact avec leur culture et leur langue d’origine, en prévision d’un futur départ.

On ne le sait que trop, la situation a légèrement échappé à nos guides républicains. Les travailleurs ne sont pas rentrés chez eux à la fin de leurs contrats, les associations d’extrême-gauche ont fait de l’Immigré le nouveau damné de la terre à défendre (Archipel du Goulag oblige, le gauchisme déçu cherchait alors son lot de consolation idéologique), ceci sous la bénédiction du grand capitalisme français, trop heureux de cet étonnant mariage entre morale et exploitation.

Leur suppression n’est donc en réalité pas une mesure de « reconquête républicaine », mais bien de reddition devant le fait accompli : personne ne rentrera plus au pays. L’installation de ces invités temporaires est actée, jusque dans la mise à jour des mesures qui avaient été pensées pour favoriser leur départ futur.

Selon Emmanuel Macron, cette mesure est nécessaire car : « Le problème que nous avons aujourd’hui avec ce dispositif, c’est que nous avons de plus en plus d’enseignants qui ne parlent pas le français […], que nous avons de plus en plus d’enseignants sur lesquels l’Education nationale n’a aucun regard ». L’enjeu n’est donc plus de garder le contrôle des entrées et sorties sur le territoire, mais de tenter de limiter la casse de la communauté nationale en diminuant, si faire se peut, les influences étrangères ciblant les populations non-européennes de France.

Les cours qui remplaceront ce programme, les EILE (Enseignements Internationaux de Langues Etrangères), accueilleront des enseignants davantage contrôlés par l’Etat, accompagnés dans l’élaboration de leur programme, et devant parler correctement le français. En fait, rien ne change, hormis la symbolique : ce qui était, par le passé, une mesure transitoire mise en place par l’Etat en vu de favoriser la préservation de la communauté nationale, est devenue une forme d’institutionnalisation des encrages culturels des différentes communautés vivant aujourd’hui en France.

Le Président a, de même, ajouté : « On doit lutter contre le séparatisme, parce que quand la République ne tient pas ses promesses, d’autres essaient de la remplacer ». Des mots contre des peuples ; la guerre asymétrique que la République mène contre le « séparatisme » est un mirage, car il n’est pas question de séparatisme, mais de désalliage. Et ce désalliage ethnoculturel n’a pas été la résultante d’un manque de République, mais de trop plein de l’idéologie républicaine injectée au cœur du peuple français. C’est précisément cette surdose républicaine qui a entraîné les « pertes de terrains » de la nation française. Ici, la République n’a pas eu à lutter contre une force opposée : c’est elle qui a créé le vide dans lequel se sont engouffrés d’autres ordres.

La République mène une guerre asymétrique contre un ennemi qui se nourrit de sa propre existence. Car là où la France recule, la République crée l’illusion de la présence par les mots. La suppression des Elco n’est qu’une nouvelle preuve de ces travestissements.

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