
Un laboratoire français a annoncé débuter des essais cliniques utilisant du sang d’un ver marin, l’arénicole (Arenicola marina). Le sang de l’arénicole a en effet une particularité : il peut acheminer 40 à 50 fois plus d’oxygène dans l’organisme que le sang humain. Aussi, son sang pourrait être utilisé comme un « respirateur moléculaire ». Ceci est dû à son fonctionnement biologique : alors que l’oxygène, dans le sang humain, est enfermé dans les globules rouges, l’oxygène se situe, pour l’arénicole, à l’extérieur de toute cellule interne. Ceci lui permet de transporter l’oxygène de manière plus efficace.
Pour l’heure, les patients atteints du coronavirus traités à l’aide de sang d’arénicole ne sont qu’au nombre de dix, à titre de test. Le docteur Franck Zal a annoncé, sur France 24, qu’il avait reçu récemment les autorisations nécessaires afin de débuter cette phase d’essai. Ce dernier dirige la société Hemarina, basée en Bretagne, dans le Finistère.
Le traitement, créé à partir de l’hémoglobine du ver, permet de soulager les patients atteints de détresse respiratoire aiguë. Les essais devraient avoir lieu dans deux hôpitaux à Paris, à Georges Pompidou et à la Pitié-Salpêtrière. Les résultats de ces essais seront publiés afin de servir à la communauté scientifique internationale.
L’arénicole, qui est présent sur les côtes atlantiques françaises, est compatible avec tous les groupes sanguins. Son utilisation est de même envisagée pour favoriser les greffes, ou encore pour créer de nouveaux pansements oxygénés, qui serviraient à soigner des plaies dites chroniques grâce à un apport d’oxygène. La conservation des organes, pour leur transport dans le cas de greffes, est aussi largement augmentée : alors qu’un organe doit, actuellement, être greffé dans les 6h après sa récupération, sans quoi il doit être jeté, une solution à base de sang d’arénicole pourrait permettre de les conserver jusqu’à 7 jours !
Déjà, en avril 2016 et en février 2017, 60 patients avaient reçu un traitement avec le sang de ce ver, dans le cadre de tests. Ces derniers n’avaient entrainé aucune réaction de rejet ou de complications. Des reins avaient alors été greffés à l’aide de cette solution.
Présent sur terre depuis 450 millions d’années, l’arénicole mesure entre 10 et 15 cm. De couleur rouge-orangé, il est souvent utilisé comme appât pour la pêche. On le retrouve, régulièrement, sur les côtes, entortillé sur le sable. L’animal avait attiré l’attention du biologiste Franck Zal, qui souhaitait comprendre comment l’arénicole, animal marin doté de branchies pour respirer sous l’eau, pouvait tenir plusieurs heures à l’air libre, lors des marées basses. La découverte de la capacité du ver à disposer d’une « bouteille d’oxygène interne », grâce à son sang si spécial, avait alors entrainé un regain d’intérêt pour ses capacités biologiques.
Si son sang pourrait y compris être utilisé afin de palier le manque de dons sanguins dans le monde, ces vers ne seraient pas pour autant voués au massacre de masse : les scientifiques travaillent à produire l’hémoglobine de l’arénicole grâce au génie génétique (modification de l’ADN d’un organisme).