
On entend actuellement, dans plusieurs médias, que l’épidémie toucherait plus rudement la population de Saint-Denis à cause de la pauvreté, de l’insalubrité et de la surpopulation. Selon le président PS de Saint-Denis, Stéphane Troussel, qui a exposé son point de vu dans Libération, l’explication réside, bien évidemment, dans les « inégalités sociales et territoriales » dont serait victime ladite population.
C’est oublier, un peu trop facilement, les raisons communautaires qui sont à l’origine de cette situation. En effet, d’autres populations ont récemment été des vecteurs et des victimes importantes du virus ces dernières semaines : les juifs-orthodoxes israéliens, des fondamentalistes musulmans en Inde et une congrégation évangéliste en Corée du Sud.
La moitié des Israéliens actuellement hospitalisés sont des Juifs-Orthodoxes, et ceci alors qu’ils ne représentent que 10% de la population israélienne. Et la raison est toute simple : cette communauté n’a pas respecté les règles de confinement qu’a respecté la majorité de la population israélienne. Du fait de leurs croyances religieuses archaïques, les juifs-orthodoxes refusent toute autorité autre que celle du rabbin. Aussi, ces derniers ont refusé d’appliquer les consignes de confinement émises par l’Etat israélien.
En Inde, c’est le groupe fondamentaliste musulman Tablighi Jamaat qui a largement participé à propager l’épidémie. Là encore, c’est le non respect des règles de confinement qui a été déterminent. En Mars, plus de 3 000 membres de ce groupe ont participé à un rassemblement, alors que l’Etat indien avait déjà interdit les rassemblements importants. Selon New Delhi, ce rassemblement a multiplié par deux la vitesse de propagation du coronavirus en Inde.
En Corée du Sud, ce sont les évangélistes qui ont participé à répandre massivement le virus. Sur dix mille personnes officiellement contaminées, la moitié environ est en lien avec l’Eglise Shincheonji de Jésus. Cette église évangéliste est considérée, par certains analystes, comme une véritable secte. Par ce que la propagation semblait liée à ce groupe, l’Etat coréen a souhaité mettre en place une campagne de dépistage touchant les 200 000 membres de cette église. Toutefois, ses membres ont pour beaucoup refusé de se présenter à ces tests, et aucune directive des autorités morales de ce groupe n’a été délivrée afin de favoriser les contrôles.
Dans tous ces cas, le refus du confinement est survenu au sein d’une communauté qui vivait en marge de la société à laquelle elle appartenait. Cette marge impliquait, pour ses membres, de ne pas considérer les recommandations étatiques comme devant s’appliquer à eux, dont les autorités morales divergeaient d’avec celles, officielles, de leurs pays respectifs.
Aussi, que l’on ne vienne pas nous expliquer que les inégalités sociales seraient la cause de l’explosion de la pandémie dans la ville de Saint-Denis. Tous, nous observons depuis plusieurs semaines, dépités, les images des habitants de cette cité déambuler en masse dans les rues, ne respecter aucun confinement, continuer à provoquer et insulter la police, et moquer les alertes face au virus, considéré comme une affaire « de blancs ».
Cet épisode nous rappelle, si jamais nous l’avions oublié (ce qui est fort peu probable), que de nombreuses zones en France constituent des communautés à part, hors-nation, qui suivent des recommandations qui n’émanent plus du corps étatique, mais d’autres autorités en compétition avec lui. Tenter de masquer cette réalité par la victimisation, c’est à nouveau se servir d’une soi-disant neutralité sociologique afin de cacher ce qui, en réalité, relève de l’Histoire et de la transformation d’un peuple jadis homogène en terre multiethnique.