
Fin avril, un décret a été passé avec discrétion concernant l’enseignement de la langue arabe en France. Ce dernier a pour but de renforcer l’apprentissage de l’arabe à l’école, allant du cours élémentaire de première année au cours moyen de deuxième année.
Cette mesure date de la présidence de François Hollande, et est issue d’un rapport de Hakim El Karoui : La fabrique de l’islamisme. Ce dernier préconise, notamment, de lutter contre l’islamisme radical en soutenant l’apprentissage de l’arable littéraire dans les écoles françaises.
L’idée n’est pas mauvaise : les musulmans de France parlant, au quotidien, un arabe populaire mélangé de kabyle et de français, leurs notions ne permettent pas de lire le Coran dans le texte originel. De fait, ils sont alors la cible de diverses traductions et influences étrangères qui, profitant de leur manque de culture religieuse, cherchent à leur faire vivre « leur » islam.
Car, sans des moyens scolaires propres à répondre à la demande de l’apprentissage de l’arabe, ce dernier continuera à être appris…à la mosquée. Aujourd’hui, ce sont majoritairement des imams étrangers qui enseignent l’arabe aux personnes désireuses de l’apprendre en France. Ce quasi-monopole constitue un véritable boulevard pour les intégrismes, qui ne laissent place à aucune interprétation ou contextualisation des textes. Chose qui pourrait être réalisée à l’école.
En outre, cet apprentissage permettrait d’ouvrir les élèves à d’autres textes que les textes religieux : alors que la littérature arabe classique n’est composée qu’à hauteur de 5% de textes religieux, ce sont ces textes qui sont actuellement utilisés pour l’apprentissage de la langue dans les mosquées. Ouvrir l’apprentissage de l’arabe aux 95% restant, c’est au moins développer davantage l’esprit critique des apprenants.
Les professeurs choisis pour enseigner l’arabe au sein des écoles françaises seront, suite à des accords avec le pays, originaires majoritairement de Tunisie, un pays reconnu aujourd’hui pour sa lutte contre l’islam radical.
Malgré tout, l’apprentissage de l’arabe dès l’école primaire est risqué pour la cohésion nationale (ou du moins ce qu’il en reste). Si des classes d’anglais existent dès le primaire, cette langue ne porte pour autant pas de caractère identitaire comparable à l’attrait que pourrait représenter l’arabe pour des populations arabes et/ou musulmanes en France. On imagine mal des étudiants de la langue anglaise se réunir, dans la cour de récréation, pour parler tous ensemble en anglais. En arabe, c’est que cela ne se produise pas qui serait réellement étonnant.
Enfin, parmi les populations arabes et musulmanes, nombreux sont ceux qui maîtrisent déjà fort mal le français. L’attrait que représenterait la langue arabe les pousseraient, sans doute, à délaisser encore davantage la langue française, au profit de l’arabe (qu’ils, s’ils maîtrisent déjà mal le français, s’empresseront de dénaturer et d’abâtardir à nouveau).
Aussi, si l’idée de lutter contre le fondamentalisme par l’apprentissage de l’arabe classique est bonne, son apprentissage dès le primaire semble être une très mauvaise idée. En outre, l’obligation d’apprendre au moins deux langues européennes au collège, puis au lycée, rendrait encore davantage difficile la scolarité générale des élèves attirés par la langue arabe. C’est pourquoi des cours approfondis des grandes religions (christianisme, islam, judaïsme, hindouisme, bouddhisme), auraient sans doute davantage de chance de faire mouche : ils auraient le mérite d’en faire la critique historique, scientifique et spirituelle. Et ceci sans renforcer le communautarisme à l’école. Libre ensuite aux meilleurs éléments d’étudier l’arabe littéraire à l’université.