Pourquoi les black blocks ont-ils un tel succès ?

Les médias s’interrogent régulièrement sur le phénomène des black blocks. Il s’agit d’un terme générique qui s’applique à tous les groupes violents qui s’insèrent systématiquement dans le cadre des manifestations publiques autorisées. 

Un peu d’histoire

On nous dit régulièrement qu’il s’agit de groupuscules incontrôlables issu d’une contestation de type gauchiste. Il se dit même que c’est le pouvoir de l’ancienne république démocratique d’Allemagne, la RDA, qui a créé dans les années quatre-vingt ces groupes contestataire et violents à fin de pourrir les manifestations en Occident. Quoi qu’il en soit, c’est à l’occasion d’un sommet de l’organisation mondiale du commerce à Seattle en 1999 que des groupes politisés ont exprimé leur opposition par la violence pure. Les black blocks étaient nés. Idéologiquement de tendance anarchiste, mais politisés évidemment à gauche, ils opèrent contre les représentations du pouvoir économique ou politique. À partir de là, tous les sommets internationaux seront pollués par ces regroupements violents. Le forum économique de Davos sera une des premières cibles. Les réunions du G8 et du G20 seront également attaquées. Signe d’une violence tous azimuts et indiscriminée, même le sommet sur le climat en décembre 2009 Copenhague sera le siège de violences urbaines.

Mais ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est de savoir pourquoi les black-blocks continuent à opérer apparemment en toute impunité et polluent régulièrement ainsi les manifestations à l‘origine pacifiques.

C’est dans les vieilles marmites qu’on fait les bonnes soupes

Au cas d’espèce, le gouvernement utilise les bonnes vieilles méthodes qui ont été quasi institutionnalisée sous le régime gaulliste. Il faut rappeler l’histoire du SAC, le Service d’action civique, association fondée pour « défendre et de faire connaître la pensée et l’action du général De Gaulle ». On ira chercher des anciens du service d’ordre du RPF. On améliorera le tout en puisant dans tout ce que la droite militante, plutôt dure et populiste compte en France. On y associera encore les CDR, les Comités de défense de la république, en 1968. Le Monde daté 25 mai 1968 écrivait : La création du Comité de défense de la République a été annoncée officiellement jeudi [soit le 23 mai 1968] par son secrétaire général, M. Godefrain, dans les termes suivants :  » Face à une entreprise caractérisée de subversion animée par une minorité dont le seul objectif est la prise du pouvoir par la force, un comité pour la défense de la République s’est constitué pour sauvegarder les institutions démocratiques et les libertés républicaines. « Conscient des aspirations légitimes des salariés comme des étudiants, le Comité pour la défense de la République approuve chaleureusement toutes les entreprises de réforme qui contribueraient à assurer une vie meilleure et une dignité accrue au monde du travail et à l’ensemble de la jeunesse. »

Il s’agissait alors d’un vrai vivier de recrutement chez les sympathisants, civils ou militaires. La technique du SAC consistait quant à lui, notamment en période électorale, à pourrir toutes les réunions des partis politiques d’opposition.

Provoquer la réaction républicaine

Mai 68 permis de développer efficacement l’intrusion d’éléments dits « incontrôlés » allumant des foyers de violences urbaines, visant les forces de l’ordre et les commerces. Le but était évident, provoquer une demande d’ordre. Le raz-de-marée gaulliste en juin 1968 reste une réussite absolue dans le genre. 

Seules les manifestations encadrées par les services d’ordre des syndicats, dont la CGT, ont permis un temps de limiter les effets délétères de l’intrusion des casseurs. Mais les effets combinés de la désaffection à l’égard du syndicalisme et de la désunion syndicale ils ont mis fin aux grandes manifestations organisées et pacifiques. 

Sous la présidence d’Emmanuel Macron, les Gilets Jaunes seront les premières victimes de ces manipulations souterraines. C’est dans le cadre des manifestations parisiennes que l’effet délétère de cette intrusion des blacks blocks sera le plus efficace. Les images des casseurs de l’Arc de triomphe illustrent parfaitement l’efficacité des violences sur la dégradation de l’image de manifestants pourtant pacifiques. La soumission des médias mainstream, relayant fidèlement ces violences répétées, aura eu raison de l’adhésion de la majorité des Français à ce mouvement initialement bon enfant, authentiquement populaire.

Le pouvoir refera le coup avec les manifestations contre le fameux article 24 de la loi dite sur la sécurité globale. Certes ce mouvement de protestation n’a pas le même caractère populaire que celui de Gilets Jaunes, mais il vise une loi avèrement liberticide ayant comme objectif majeur de pouvoir interpeller quiconque est susceptible de diffuser des images nuisibles aux membres des services de maintien de l’ordre.

Un phénomène pourtant parfaitement maîtrisable

Les blacks blocks ne représentent numériquement rien ou presque. Un agglomérat de groupuscules plus ou moins fédérés, mais suffisamment pour intervenir dans toutes les manifestations. Leurs membres sont parfaitement identifiés par les services de l’État. Mais combien de black blocks ont été condamnés ? En tout cas aucun procès n’a été relayé par les médias.

On ne peut qu’être étonné que les services de l’État soient incapables de les mettre hors d’état de nuire à l’approche des manifestations. On se rappellera le grand nombre d’interpellations préventives les jours précédant les grandes manifestations des gilets jaunes. Et un grand nombre de gilets jaunes seront renvoyés en correctionnelle et condamnés.

Le fait est que ces black blocks opèrent en situation d’impunité quasi totale. De grand nombres de vidéos montrent ces groupes de casseurs détruisant des vitrines de commerces et procédant à des pillages sans vergogne, à quelques mètres des CRS. Ou encore des policiers déguisés en casseur pour infiltrer les black blocks, sans la moindre interpellation. 

Une de ces vidéos montre des policiers « banalisés » insérés dans une manif, dont un avec pavé à la main. Que faut-il de plus pour démonter l’implication directe de certaines forces de l’ordre dans le développement des violences urbaines ?  Ce document n’aura pas de relais significatif dans les médias mainstream…

L’indulgence coupable des autorités à l’égard des casseurs, parfois infiltrés par la police, illustre l’instrumentalisation des violences urbaines pour casser les reins des mouvements protestataires, devenus aujourd’hui des moyens d’expression pour une opinion qui n’a plus de relais démocratique.  

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A propos de l'auteur Thierry Sautier

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