Gestion du Covid : incompétence et navigation à vue, ou cynisme ?

On peine à comprendre la logique du gouvernement dans sa gestion de la crise sanitaire. Nous aurons tout eu en effet en termes d’annonce. Le masque ne sert à rien puis son port devient obligatoire. Il n’existe pas de traitement de la maladie mais on condamne et poursuit la thérapie adoptée par le professeur Raoult, en majorant à l’envi des effets secondaires. Rien ne sert de fermer les frontières, car la maladie n’en aurait pas, puis on institue de facto un contrôle en exigeant un test Covid négatif pour entrer sur le territoire national. On confine très sévèrement, puis on lâche tout à l’été 2020, pour annoncer ces derniers jours un nouveau confinement, à propos duquel notre président fait fuiter en sous-main ses réserves.

L’état des lieux

Le Covid mute, s’est généralisé au monde entier, et personne aujourd’hui ne peut dire ce que sera son évolution dans les mois et années à venir. Peut-être s’agit-il d’un virus totalement original, une nouvelle grippe autrement dit, à l’encontre duquel nous ne trouverons peut-être jamais la parade. Ce qui est certain c’est qu’il tue prioritairement et massivement les personnes âgées et les porteurs de facteurs de comorbidité. On peut également, sans être taxé de complotisme, s’interroger sur les chiffres. La question a même été abordée par France 3 Provence Alpes Côte d’Azur, ce qui est très significatif. 76 patients entrés en réanimation le 25 janvier 2021 selon C News ; très franchement, moins d’un malade grave par département, de quoi parle-t-on ?

À chaque pays sa gestion particulière, et rien ne permet de dire qui a raison, notamment de la Suède et de la France. Et ce n’est pas le caractère plus ou moins discipliné des nations qui semble faire la différence, d’autant que le maître des cérémonies chez nous, le docteur-ministre Olivier Véran vante notre respect exceptionnel des consignes. Nous sommes gavés d’études et d’avis sur les bonnes et mauvaises politiques. Si les Français ont manifestement une propension à respecter les consignes sans rechigner, leur défiance à l’égard des pouvoirs publics reste pourtant prégnante. 

Des moyens administratifs pléthoriques

On sait que le gouvernement ne croit pas à l’adaptation des mesures sanitaires au terrain. Son mode de gestion n’est pas simple. Le gouvernement gère le tout à l’aide d’une pléthore d’administrations, établissements publics et conseils. Les intervenants sont multiples. Le Conseil scientifique Covid-19, l’Agence nationale de santé publique, la Direction Générale de la Santé, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, le Haut Conseil de santé publique, la Haute autorité de santé, l’INSERM, le Comité Consultatif National d’Éthique, sont tous mis à contribution. Il faut nécessairement y ajouter les multiples cellules de crises ad hoc instituées dans les ministères, à Matignon et à l’Elysée.

On additionne là tous les maux classiques qui affectent la gestion administrative française. Y on ajoutera toutes les administrations déconcentrées également assorties de conseillers et autres sachants. C’est un immense capharnaüm qui ne peut produire que de la faiblesse dans l’action.

Inutile de parler là de la qualité de la communication publique. Tous ces ministres et conseillers produisent des avis et ne manquent pas de les répandre dans les médias. Plus personne n’y comprend rien. Les journalistes passent un temps fou à décrypter la communication des autorités publiques et chassent les confidences de tel ou tel médecin officiel ou membre de cabinet de ministre.

Une gestion jacobine 2.0

Autre mal bien français, le jacobinisme s’est accentué d’année en année depuis l’instauration de la Ve République. En outre la personnalité de notre président l’a naturellement conduit à aggraver cette tendance, lui qui s’est convaincu,  une fois élu, qu’il avait à gérer un pays âgé qu’il lui fallait réformer en neutralisant les baronnies politiques et administratives.

Or l’on sait que tout se décide dans le bureau du président, qui suit en permanence l’état de l’opinion publique. Qui peut un instant douter que les mesures sanitaires sont décidées à l’Élysée ? Et elles le sont dans les moindres détails. Nul doute que la question de savoir s’il fallait ou non autoriser les remontées mécaniques, décision significative, a été tranchée par notre président. Quand un pays en est à ce niveau de concentration du pouvoir et d’inflation de ses moyens, il faut naturellement s’inquiéter. Et, cerise sur la gâteau, on institue un collectif citoyen chargé d’émettre des avis sur la politique du gouvernement en matière de vaccination !

Un peu de bon sens serait le bienvenu

François Sauvadet, président du conseil départemental de Côte d’Or, a très bien dénoncé le centralisme exacerbé dans la gestion du Covid. Le rôle d’un conseil départemental dans l’action sanitaire, s’il est relégué à un rang quelque peut modeste au sens de la loi, reste cependant important. Le mépris affiché des autorités nationales à l’égard des structures politiques régionales et départementales est intolérable, si l’on compare la situation à d’autres pays, comme l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne, où les régions ont leur mot à dire.

Au-delà de cette posture, il convient de rappeler que toute politique sanitaire doit être nécessairement adaptée au terrain. Mais cette idée heurte la philosophie même de nos gouvernants, convaincus que seule une vision globale permettra d’appliquer sa politique. On se demande comment on peut traiter de la même manière la totalité du territoire national alors qu’il est si divers dans chaque région. Le dernier couvre-feu commençant à 18h constitue par ailleurs une totale aberration dont le seul effet certain est de concentrer plus encore dans le temps et l’espace les sorties des citoyens pour vaquer à leurs courses quotidiennes, et les inviter à fréquenter les centres commerciaux le samedi… Où est, dans ce contexte, le bon sens ?

Inconstance et autoritarisme sont la marque d’un État qui navigue fermement, mais dans toutes les directions.

On vous recommande

A propos de l'auteur Thierry Sautier

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.