
C’est l’histoire d’un milliardaire russe et azéri du nom de Farkhad Akhmedov qui refuse de payer son dû à son ancienne épouse dans le cadre du plus gros divorce jamais jugé au Royaume-Uni et en France. Depuis, l’oligarque s’obstine à dissimuler ses biens, grâce à son fils, Temur Akhmedov. Retour sur un imbroglio judiciaro-financier qui défraie la chronique depuis 4 ans.
La paix d’un (ancien) ménage n’a pas de prix. Mais Farkhad Akhmedov, 65 ans, magnat du pétrole et proche de Poutine, ne le voit pas de cet œil. L’homme d’affaires, dont la fortune était estimée en 2008 à 1,4 milliard de dollars, refuse toujours de payer le chèque qu’il doit à son ex-épouse Tatiana Akhmedova, 48 ans, et avec qui il a passé 20 ans de sa vie. Qu’il le veuille ou non, Farkhad doit lui céder 41,5 % de sa fortune.
Phobie administrative ? L’oligarque a décidé de ne pas reconnaître la compétence de la Haute Cour de Justice de Londres qui l’a condamné à verser 453 millions de livres sterling à son ex, le couple ayant vécu avec leurs deux enfants au Royaume-Uni. Sa technique pour s’en sortir : Se référer à un ancien divorce effectué en Russie dans les années 2000, sans pouvoir en fournir les preuves. Et sous-déclarer, dissimuler et disperser façon puzzle ses avoirs un peu partout dans le monde, notamment par le truchement de Temur Akhmedov, l’un des enfants qu’il a eus avec Tatiana.
Jugement britannique : Farkhad Akhmedov s’en torche
Farkhad Akhmedov est pourtant « à l’abri du besoin » et possède encore à ce jour de luxueuses villas, plusieurs hélicoptères, un jet privé, une Aston Martin, une exceptionnelle collection d’art estimée à 145 millions de dollars, et l’un des plus grands yachts du monde (115 mètres) d’une valeur de 500 millions d’euros. Ironie des chiffres : 500 millions d’euros, c’est justement la « douloureuse » qu’il doit à son ancienne épouse selon le jugement de la cour britannique.
A propos de ce jugement, Farkhad Akhmedov a déclaré dans un média russe qu’il ne valait pas mieux que « du papier toilette » et se réfère, à la place, à un divorce prononcé il y a 20 ans en Russie. Résultat des courses : Tatiana Akhmedova n’aurait reçu jusqu’ici qu’un centième du montant total. De son côté, Farkhad Akhmedov s’évertue depuis 5 ans à fuir la justice, et ses responsabilités. « Je brûlerai cet argent plutôt que de le lui donner », aurait écrit Farkhad à son fils. L’oligarque aurait aussi déclaré vouloir « couper les couilles de son ex-femme et être un homme libre ».
Mû par un désir de liberté, Farkhad aurait donc transféré des actifs et des œuvres d’art dans des paradis fiscaux – au hasard le Liechtenstein – ainsi qu’à son fils Temur Akhmedov, pris dans un conflit d’intérêts, et de loyauté. Déchiré par ce divorce, le rejeton a choisi le côté obscur de la force et épaule son père dans une méticuleuse « stratégie d’évasion ».
Le père et le fils sont dans un bateau
Temur Akhmedov, qui possède une maison à Londres évaluée à 43 millions d’euros ainsi qu’une villa à Saint-Jean-Cap-Ferrat (15 millions d’euros) se retrouve donc partie prenante de cette lune de fiel et aide son père à dissimuler ses actifs et certains documents qui pourraient constituer de précieuses pièces au dossier. Dernièrement, il était accusé d’avoir corrompu un livreur DHL pour faire disparaître un mystérieux colis.
Pendant ce temps-là, son père, Farkhad Akhmedov, est en cavale afin d’échapper au procès et vit entre Moscou et Dubaï, où son yacht à 500 millions d’euros est amarré et immobilisé : depuis 2018, la justice britannique exige que Tatiana Akhmedova devienne la propriétaire du navire, par un juste retour des choses.
« J’aime mon fils et j’espère reconstruire ma relation avec lui », aurait déclaré Tatiana Akhmedova au juge. Mais d’abord Farkhad, il faut payer.