
Au creux de l’été, le 29 juillet, un titre parmi d’autres qui pourrait inquiéter : « Selon la police, manifestations anti-passe sanitaire : plus de 200.000 manifestants en France selon l’Intérieur, dont 14.250 à Paris ». Depuis, les défilés se multiplient et enflent. Il faut bien comprendre que ce niveau de participants, qui n’est pas anodin, cache en réalité la très mauvaise humeur des Français, et bien au-delà de la seule question du passe sanitaire.
Mais qui sont ces manifestants ?
On observe clairement que la composition sociologique des manifestants n’est pas celle des Gilets Jaunes (G.J). Autant les G.J représentaient le « petit peuple » travailleur ou déclassé, autant les manifestants de cet été sont des Français de tous bords, souvent accompagnés de leurs enfants. Certes la période des vacances favorise d’un certain point de vue cette représentation, encore que cette période inciterait plutôt à la démobilisation. Mais il ne faut pas négliger le fait qu’aujourd’hui, tous les Français sont inquiets pour leur avenir. Cette inquiétude est certainement un élément substantiel de leur participation.
Le fait que près d’un tiers des français soutiennent le mouvement n’est pas négligeable.
Il y a bien quelques idiots pour attaquer des centres de test ou de vaccination, ou brandir des pancartes avec des slogans bêtes ou méchants, mais on voit bien qu’ils restent minoritaires. Les slogans visent essentiellement les mesures liberticides et la main-mise de nos autorités sur l’opinion. On n’observe pas, en tout cas pour l’instant, l’intervention de casseurs ou black-blocs cherchant l’affrontement avec les forces de l’ordre. L’esprit bon-enfant et convivial semble dominer les rassemblements. Enfin les tentatives de récupération du Rassemblement National ne semble pas opérer.
Des manifestations de ce niveau en plein été, auxquelles se mêlent les sapeurs-pompiers, doivent nous interroger.
Les raisons de la mobilisation
Le prétexte de ces manifestations est le passe sanitaire, devenu un sésame qui cache mal l’institution programmée de la vaccination obligatoire. Mais on voit bien que c’est l’extension continue de mesures ressenties comme étant liberticides qui est refusée. Car enfin, plutôt que d’opter pour une information des citoyens sur la Covid, les mesures sanitaires individuelles à adopter, la recherche systématique des foyers d’infection appelés « clusters », et l’investissement massif sur les vaccins, nos autorités avaient choisi la mise en place d’un confinement sévère, accompagné de dispositions aussi strictes que faciles à contourner, ainsi la ridicule auto-attestation.
Ces mesures n’ont pas incité les Français à prendre leurs responsabilités car ils ont plongés dans un dispositif contraignant et généralisé. Nos concitoyens n’y comprenaient plus rien, tant la communication gouvernementale était chaotique ; les déclarations irresponsables de ministres (au premier chef Olivier Véran) à propos de l’inutilité du port du masque parce qu’au fond aucun stock suffisant n’était disponible ont institué un climat de méfiance.
Un traitement médiatique devenu prudent
Les G.J avaient été méprisés par l’essentiel des médias, puis carrément dénoncés comme des fauteurs de trouble. Ces médias n’ont pas compris la profondeur de la contestation qui il est vrai prenait la forme d’émeutes non véritablement organisées, ni armées au plan conceptuel. Très vite, les parasites habituels, ainsi les blacks blocs, s’agrègeront au mouvement dès qu’il se développera dans la région parisienne.
La répression d’état y trouvera les motifs d’un développement extraordinaire, jamais vu jusque-là. Pain béni pour les médias, le phénomène leur offrait des violences systématiques contre les forces de l’ordre ainsi que des destructions à un niveau jamais atteint, même en mai 1968. Au fond, les motivations des manifestants, qui protestaient en fait pour obtenir sinon un partage équitable des richesses du pays, en tout cas une réduction des charges et taxes, n’étaient pas comprises par les médias.
Comment espérer que la classe journalistique, au diapason des médias mainstream parisiens, s’intéresse aux problèmes de fond alors que le spectacle urbain leur assurait une audience garantie ?
La seule réponse de l’État, qui comptait jusque-là sur un essoufflement du mouvement, consistera à déverser quelques millards en mesures sociales ponctuelles et organiser une grande consultation nationale, sans en tirer une réelle réflexion sur des réformes à mettre en œuvre.
Cette fois-ci, les choses ne se présentent pas de la même manière, et les médias semblent l’avoir compris. Mais les récentes déclarations d’Emmanuel Macron, assimilant les protestataires à des ignorants, ne feront pas baisser la pression de la rue.
La limitation des libertés pour tous
Un fait doit interpeller. L’essentiel des arguments développés à l’encontre la vaccination sont globalement inexacts. Il n’y a pas d’effets secondaires significatifs, et rien ne permet de dire que le vaccin n’est pas efficace. Il faut donc chercher ailleurs les causes de ces manifestations.
Ce qui ulcère les manifestants, c’est bien cette manière jacobine des autorités de gérer la crise sanitaire. Les mesures de contrôle et de traitement médical ont été, depuis le début, décidées à Paris dans le cadre d’un Conseil de défense, lequel n’est pas, au plan légal, fait pour cela. Alors que ces mesures devraient être adaptées aux situations locales qui sont diverses, l’autorité s’exerce au centre du pouvoir, et lorsque de dernier s’occupe de la province, c’est grâce au faux nez des Agences Régionales de Santé ou des préfets qui prennent en réalité leurs ordres à Paris.
C’est ainsi qu’un dispositif légal et législatif a été mis en œuvre en s’assurant systématiquement de son caractère coercitif sur tout le territoire national. Emmanuel Macron s’était engagé à ce que la vaccination ne serait jamais rendue obligatoire. Il est cependant de fait que le passe sanitaire, délivré aux seuls vaccinés, devient progressivement indispensable à l’exercice de droits fondamentaux.
On pense que l’objectif de la vaccination généralisée de l’ensemble de la population est la seule manière de traiter cette pandémie. Cependant des voix s’élèvent, dans le corps médical, pour dénoncer cet objectif, dès lors que l’apparition de variants est manifestement corrélée avec l’extension de la vaccination.
Quoi qu’il en soit, personne ne peut aujourd’hui prédire l’évolution de cette pandémie, ni dire quelle est la meilleure manière de la traiter. Tous les pays européens ont chacun leur politique en la matière, alors par ailleurs que l’O.M.S est incapable d’imposer des règles communes, si ce n’est d’exhorter les nations riches à diffuser leurs vaccins aux pays pauvres en la matière. Ces incohérences, quand ce ne sont pas des contradictions flagrantes, nourrissent la défiance de nos concitoyens.