
Le président Macron a organisé une commémoration du « massacre » du 17 octobre 1961, constituant selon lui des « crimes inexcusables commis sous l’autorité de Maurice Papon ». Le moins que l’on puisse dire est que cette démarche démagogique, qui sert à répondre aux reproches du régime algérien sur notre politique migratoire au reste bien peu courageuse, est inadmissible. Outre que ces déclarations reposent sur une désinformation colportée depuis des décennies par la gauche française, elles se heurtent à une réalité juridique et factuelle indiscutable. Personne n’a été poursuivi et a fortiori condamné pour avoir perpétré un quelconque délit à la faveur de cette manifestation, et ce avant même la loi d’amnistie ultérieurement adoptée sur les crimes commis au cours des « événements d’Algérie ».
Le débat public
On nous affirme que « deux cents » algériens manifestant ce jour-là auraient été tués par balle, bâtonnés et pour certains même jetés dans la Seine. Cette vérité historique est reprise par Wikipédia sous la rubrique « Massacre du 17 octobre 1961 ». On nous dit que ces nombreux morts résultent de la répression organisée par Maurice Papon -lequel n’a pas été jugé sur ces faits- à l’aide de la police. Mais dès son introduction, l’article indique que « Le nombre de ces morts reste discuté : au fil des dernières décennies, les évaluations ont oscillé, entre les décomptes minimaux des rapports officiels et les estimations d’historiens assises sur des périodes plus ou moins larges, de 38 à plus de 200 morts ».
Emmanuel Macron reprend, cela ne coûte pas cher, le chiffre de 200 morts. Cela sert d’abord à l’habillage du discours macronien habituel, qui consiste à décliner un « en même temps » flattant la gauche et la droite. Cette fois-ci c’est à gauche, en direction de ceux qui réécrivent notre Histoire coloniale forcément condamnable. Mais la gauche en veut encore plus, car il aurait dû là dénoncer un « crime d’État » !
Fabien Roussel, secrétaire national du P.C.F, a demandé « que la France assume ses responsabilités et déclare solennellement que l’institution policière française, des hauts fonctionnaires français, des responsables politiques français se sont rendus coupables d’un crime d’État il y a 60 ans ».
La droite s’offusque de l’initiative d’Emmanuel Macron, mais sur un mode mineur ; le président aurait dû également rappeler les crimes du F.L.N. Ainsi Éric Ciotti, député Les Républicains des Alpes-Maritime, de dire que « La propagande victimaire anti-française du président Macron est indécente. Nous attendons toujours la commémoration par le président du massacre d’Oran du 5 juillet 1962, où le FLN a massacré plusieurs centaines de pieds-noirs et harkis fidèles à la France ». Seule Valérie Pecresse déclare qu’il ne faut pas oublier que la même année, 22 policiers ont été tués par les mouvements algériens.
Le contexte politique de 1961
Il faut ici rappeler que la Guerre d’Algérie n’est pas terminée. Indépendamment des combats sur le terrain, il existe une véritable guerre interne au sein de la communauté algérienne sur le territoire français. Et cette guerre fera beaucoup de morts. Dans la seule région du Nord de la France, le conflit opposant les messalistes du Mouvement National Algérien de Messali Hadj au FLN est sanglant. Entre répression de ceux qui ne respectent pas le Coran (déjà !) et règlements de comptes entre les mouvements nationalistes algériens, ce sont des centaines de blessés, parfois par balle, et plusieurs dizaines de morts qui jalonnent ce contentieux inter-ethnique. Ces violences extrêmes vont ainsi alimenter les cour d’assises de la région.
En réalité, le nombre d’algériens refusant la loi du F.L.N, liquidés pour cela, et de policiers tués dépasse très largement l’hypothèse haute des morts du 17 octobre 1961.
Entre janvier 1956 et janvier 1962, on a compté plus de 10 000 attentats perpétrés par le F.N.L. Pour le seul département de la Seine, entre janvier 1956 et le décembre 1962, 1433 Algériens opposés au FLN font été tués et 1726 autres blessés. Au total, de janvier 1955 au 1er juillet 1962, en Métropole, le F.L.N assassina 6000 Algériens et en blessa 9000 autres.
Et partout en France, des actes de violences vont causer une mortalité hors du commun dans la communauté algérienne. Cette population est utilisée par le F.L.N afin d’organiser un mouvement fort sur notre sol national et constituer un moyen de pression sur le gouvernement. La menace est réelle, au point que la France instituera un couvre-feu à l’annonce de la manifestation du 17 octobre. Et encore aujourd’hui, la menace d’une mobilisation des Algériens en France est prise au sérieux par les autorités. Cette crainte explique partiellement la timidité de nos autorités face à l’immigration massive en provenance d’Algérie.
Que c’est-il passé ?
«Violentes manifestations de musulmans algériens hier soir à Paris : 2 morts, 44 blessés graves», titrait Le Figaro dans son numéro du 18 octobre 1961. Il fait peu de doute que le gouvernement d’alors a minimisé le bilan réel, mais pour autant la police de notre pays a-t-elle organisé une violente ratonnade au cours de laquelle elle aurait tiré sans ménagement sur les manifestants, et procédés à des arrestations et exécutions extra-judiciaires en masse ?
La couverture journalistique des événements a été large, puisque l’on dispose d’une iconographie importante sur la mise en place des forces de police et les arrestations qui ont été opérées. Mais aucun témoin oculaire d’un quelconque crime policier n’a été présenté par les tenants de la thèse du massacre.
À ce stade, il faut se référer aux chiffres dont on dispose. L’I.M.L, l’Institut médico-légal de Paris, a enregistré le 17 octobre un seul mort, un français Guy Chevallier, qui a eu le crâne fracassé devant le cinéma Rex vers 21h. Les circonstances de sa mort étaient à l’époque inconnues. À Puteaux, loin de la manifestation, deux morts nord-africains furent néanmoins relevés. Mais ils n’avaient rien à voir à la manifestation. L’un d’entre eux deux, Abdelkader Déroues avait été tué par balle, tandis que Lamara Achenoune, avait été achevé par balle après avoir été étranglé, selon la méthode classique du F.L.N.
Le seul rapport officiel à peu près sérieux est celui donné par Dieudonné Mandelkern, Conseiller d’État. Ce rapport évoque nommément sept personnes mortes en lien avec les événements, dont les trois citées plus haut. On ne pourrait exclure que 25 autres morts pourraient avoir un lien avec les faits. 22 enquêtes judiciaires s’étaient intéressées à des cas particuliers, mais aucune n’a prospéré.
On voit là qu’entreprendre une vaste opération de commémoration au titre de « crimes commis sous l’autorité de Maurice Papon» relève d’une franche manipulation. Il est malheureusement à craindre que la majorité de l’opinion française soit convaincue par ce matraquage médiatique. Pour autant, les Français commencent à se demander si le parcours mémoriel d’Emmanuel Macron n’est pas autre chose que sa campagne électorale.