
Un haut fonctionnaire passé de la banque au sommet de l’État a réussi à devenir un homme politique redoutable en surfant royalement sur les événements. Car le bilan politique d’Emmanuel Macron peut se résumer à une occupation effrénée des médias tout en développant soigneusement un affermissement continu d’un libéralisme en oeuvre depuis l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir en 1981. Cet aspect de sa politique n’occupe pas les médias (ni même l’endettement abyssal du pays) et par conséquent est absent du débat. Par ailleurs les événements marquants survenus au cours de son mandat, qu’il a récupérés avec une rare maestria, n’ont fait que neutraliser tous les éléments d’opposition politique. Revenons sur cette chronologie.
De l’I.E.P à la banque d’affaire via l’E.N.A
Le parcours d’E.M est conforme à celui de beaucoup de nos dirigeants d’aujourd’hui.
Ce parcours n’est au début pas marqué par la chance, mais par une ambition doublée d’une intelligence remarquable. Alors inspecteur des finances, il sait se rapprocher de ceux qui comptent, ainsi Jean-Pierre Jouyet, Jacques Attali et Peter Brabeck, P.D.G de Nestlé, qui lui permet d’entrer à la banque Rothschild et Cie où il excellera ; notamment dans la duplicité puisqu’il arrivera à conseiller « en même temps » les deux repreneurs potentiels du Monde. Comme Laurent Fabius, il choisira par pur opportunisme le Parti socialiste pour monter en politique, puis trahir François Hollande dans les conditions que l’on sait.
Mais là où la chance lui sourira, la première fois, c’est lors de la conjugaison de deux événements raisonnablement imprévisibles, c’est-à-dire le renoncement de François Hollande et surtout le crash en plein vol de François Fillon. La suite est un incroyable concours de circonstances. Puis élu, il exploitera sans vergogne, avec un art de la communication hors du commun, l’arrivée de crises qui vont lui permettre d’écraser les débats en occupant sans cesse l’attention et l’actualité. Tout en continuant la tâche pour laquelle « le système » l’avait soutenu, la libéralisation d’une économie livrée au mondialisme et à l’européanisme, toutes politiques auxquels les Français sont pourtant particulièrement hostiles.
La crise des Gilets Jaunes
Une mesure de prélèvement supplémentaire, dans le pays aujourd’hui qui tient le record mondial de la pression fiscale, l’augmentation de la Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Énergétiques (TICPE), a déclenché un mouvement populaire non structuré proche de l’émeute. Les autorités ont méprisé les participants, avec l’essentiel des médias, en présentant les protestataires comme des Français rustiques et archaïques, représentant l’ancien monde (les fumeurs de clopes qui roulent au diesel). Mais la montée en puissance du mouvement protestataire, excité par ce mépris, a surpris Emmanuel Macron.
Òn sait ainsi que des mesures particulières d’exfiltration du président avaient été envisagées lors d’une manifestation de Gilets Jaunes à Paris. La répression policière a été voulue extrêmement ferme par Emmanuel Macron. C’est ainsi que l’on a battu tous les records de blessures graves et d’arrestations préventives ou indiscriminées lors des intervention de la police.
Mais Emmanuel Macron, qui faisait face un vrai mouvement populaire de fond, à réussi une opération de communication exceptionnelle. Aidé il est vrai par l’intervention des Black blocs qui ont objectivement pourri le mouvement des Gilets Jaunes. Ces pillards violents n’ont pas fait l’objet de répression particulière, puisque leurs interventions discréditaient le mouvement de protestation. La figure du chef remettant de l’ordre rappelle le coup formidable du Général De Gaulle en 1968.
La crise de la Covid
À nouveau, E.M est servi par un événement extraordinaire, la pandémie de la Covid. Il fera là preuve d’une stratégie de communication parfaitement réussie. Si cette crise plaçait le gouvernement devant une problématique difficile, il reste que nos autorités ont privilégié une communication de masse tandis qu’elles balbutiaient dans le choix d’une politique de santé adaptée. Par charité chrétienne, on ne rappellera ici que brièvement les erreurs de nos dirigeants, que ce soit sur leurs déclarations sur le port du masque ou encore sur l’alternance des mesures de confinement et de relâchement sanitaire.
En revanche, E.M saura utiliser un vieux truc consistant à laisser ses subordonnés annoncer les mauvaises nouvelles et les mesures liberticides, et se réserver l’annonce des prochaines levées desdites mesures. Il saura s’afficher en docteur en chef, sur un sujet auquel notre population était très sensible. La maîtrise des médias friands d’une sujet préoccupant achèvera la main-mise permanente de notre dirigeant sur l’opinion.
Les commentateurs prédisaient que le maintien de la pression sur l’actualité médiatique permettrait à E.M d’aller tranquillement jusqu’à l’élection présidentielle.
Mais c’était sans compter avec le projet fou du chef du Kremlin d’envahir l’Ukraine, qui commettait le crime lèse-Russie de rêver de l’Europe occidentale…
Le conflit en Ukraine
Les commentateurs les plus informés ne croyaient pas à l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui avait tout intérêt à consolider les indépendances des républiques auto-proclamées du Donbass. Et bien le pire s’est produit, donnant là encore à E.M l’occasion de troquer son costume de rempart contre la pandémie contre celui du chef de guerre.
Le hasard a voulu qu’E.M soit le président du Conseil de l’Europe au moment de l’attaque russe. Les voix de ceux qui estimait que notre président aurait dû éviter, au plan déontologique, d’occuper cette fonction dans le contexte des présidentielles de 2022 seront vite ignorées par les médias. Nouveau hochet des médias, la guerre en Ukraine va monter en mayonnaise. La presse et les médias audiovisuels français n’hésiteront pas à dramatiser un événement certes grave au plan historique et des relations internationales, en nous annonçant le pire. La Croix s’interroge sur l’administration d’iode en cas de pollution nucléaire.
Emmanuel Macron déclare être « extrêmement préoccupé des risques » pour la sécurité nucléaire, et annonce des initiatives pour favoriser un dialogue entre russes et ukrainiens sur la sécurité des centrales nucléaires en Ukraine. «Jamais sans doute depuis plus d’un demi-siècle un conflit n’avait suscité une telle inquiétude en France», observe Gaël Sliman, président d’Odoxa.
On peut prédire, à l’aune de la durée prévisible du conflit, que les Français seront occupés principalement par cette guerre et que tout débat sur leurs soucis actuels, c’est-à-dire la préservation de leur pouvoir d’achat et l’immigration, seront sinon occulté en tout cas traités sur un mode mineur dans le cadre de la campagne électorale. Tous bénéfices inespérés pour le candidat Macron qui ne fera ainsi pas face à son bilan politique.