Derrière l’affaire McKinsey, l’affaire du financement de la campagne d’Emmanuel Macron ?

C’est une bombe à retardement qui vient d’arriver dans la campagne. La commission d’enquête du Sénat a en effet révélé que l’exécutif avait versé près de 1 milliards d’euros au cabinet américain McKinsey. Un scandale d’État dénoncé de toute part, pour ses nombreuses implications politique. Mais le rôle d’Emmanuel Macron restait à élucider. C’est désormais chose faite et le scandale devient politico-judiciaire.

Derrière McKinsey, l’ombre de Karim Tadjeddine, un ami proche d’Emmanuel Macron

En recoupant les emails disponibles dans les Macronleaks et les révélations du journaliste d’information Matthieu Aron (auteur de Les infiltrés, Comment les cabinets de conseil ont pris le contrôle de l’État), il apparait que le principal bénéficiaire, chez McKinsey, de ces juteux contrats n’est autre que Karim Tadjeddine, un ami personnel d’Emmanuel Macron, mais surtout un participant important à sa première campagne et aux levées de fonds d’En Marche.

L’hebdomadaire Marianne nous apprend d’ailleurs que Karim Tadjeddine est un proche d’Emmanuel Macron, avec lequel il a sympathisé lors de la Commission Attali, durant laquelle ils siégeaient ensemble. Emmanuel Macron a même préfacé en 2016 un ouvrage de Tadjeddine, l’Etat en mode start-up, au titre prémonitoire.

Dans une enquête de François Krug, Le Monde avait titré dès 2021 : « McKinsey, un cabinet dans les pas d’Emmanuel Macron », et remarquait qu’en macronie « c’est étonnant comme les gens n’aiment pas parler de McKinsey. » Le député des Landes, Boris Vallaud n’avait pas manqué de s’interroger lui aussi.

Tadjeddine et les macronleaks : une cheville ouvrière de la campagne de 2017

En fait, on retrouve Tadjeddine dans les Macronleaks, avec son email professionnel, s’occuper de la création d’un site internet banal, qui n’appelle usuellement pas ce type de profil (un directeur associé chez McKinsey gagne en général un salaire de l’ordre du demi-million d’euros…), et donner des coups de mains à droite et à gauche, faisant bénéficier le candidat de son entregent et de son réseau. Si Karim Tadjeddine s’est depuis excusé d’avoir utilisé son email McKinsey, il n’a jamais nié son implication dans la campagne En Marche.

Depuis, il s’est trouvé incapable de répondre aux sénateurs de la commission d’enquête sur le réel contenu des étude vendues  à l’État, par exemple d’une note facturée 500 00 euros pour « réformer l’éducation »… Une note dont le contenu particulièrement faible laisse un sentiment étrange.

C’est également ce très proche d’Emmanuel Macron qui a déclaré devant la Commission d’enquête que McKinsey payait ses impôts en France, ce qui s’est avéré faux et a déclenché un signalement au procureur. Étrangement, Bruno Lemaire est monté au créneau pour défendre le cabinet anglo-saxon, utilisant le futur pour dire que « toutes les procédures sont déjà engagées par la direction générale des Finances publiques, McKinsey paiera ». Autrement dit : ce n’est pas le cas.

Or, pour pouvoir candidater à un appel d’offre public, l’entreprise doit déposer un certificat, remis par les Impôts, assurant qu’ils sont en règle du point de vue fiscal. Cette étape a-t-elle été négligée ? Un tel satisfecit a-t-il été remis de manière mensongère ? Par qui ? En rétribution de quoi ? ou alors McKinsey a-t-il été dispensé de ce formalisme ? Par qui et pourquoi ? Les zones d’ombres sont nombreuses…

Comme l’explique Matthieu Aron dans une interview à Marianne,

le problème est évidemment politique, et les liens étroits entre la Macronie et McKinsey questionnent.

D’autant plus, selon lui, que :

la personne responsable au sein de McKinsey de contracter les marchés avec l’administration française est un proche d’Emmanuel Macron, Karim Tadjeddine.

Vers une saisie du PNF pour trafic d’influence ?

Dans l’affaire Woerth, la Justice s’était saisie d’un possible trafic d’influence actif, pour la seule raison que M. Woerth avait fait remettre une Légion d’honneur à quelqu’un lui ayant rendu un service. Nous savons des Macronleaks que M. Tadjeddine a rendu un grand service pour aider et financer la première campagne d’Emmanuel Macron. Le milliard d’euro d’honoraires pour des études particulièrement « maigres » perçu par Tajeddine et McKinsey était-il un remerciement pour service rendu ? M. Tadjeddine a-t-il perçu des bonus à titre personnel sur ces contrats ? Faisait-il partie des grands donateurs d’Emmanuel Macron en 2017 ?

Le #McKinseyGate serait-il en fait le #MacronTadjeddineGate ? C’est à la justice de se saisir de l’affaire si elle estime que les faits sont susceptibles de recevoir une qualification pénale.

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A propos de l'auteur Martine Dhistinger

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